Le prix du pétrole, toujours scruté comme baromètre par les économies, devient de plus en plus fluctuant. Des analystes s’attendent à une chute des prix sous les 40 $ dans un avenir proche (un bouleversement du marché). Pourquoi une telle prévision ? Un simple prix ou un retour économique ?
Les prévisions récentes de la banque américaine Goldman Sachs font état d’un déclin brut des prix du pétrole et notamment du Brent qui pourrait tomber sous les 40 $ d’ici fin 2026. Cet avis fait suite à plusieurs révisions à la baisse dans lesquelles les experts de l’institution ont revu leurs prévisions à deux reprises en une semaine. Mais pourquoi ce mouvement aura-t-il lieu ?
Une prévision sous un scénario extrême
Les analystes de Goldman Sachs avancent aussi que divers facteurs de nature économique et géopolitique pourraient contribuer à cette chute des cours du brut. Parmi eux, le ralentissement significatif de l’économie mondiale est probablement l’un des plus importants. Les tensions commerciales, la guerre commerciale lancée par les États-Unis contre plusieurs de leurs partenaires, se sont déjà traduites par un affaiblissement de la demande de pétrole qui pourrait se renforcer si les économies majeures, États-Unis et Chine, entraient en récession.
Sous cet angle, la demande d’énergie pourrait diminuer, allégeant la pression sur les prix. Parallèlement, la production plus forte des pays producteurs, notamment parmi ceux qui ne relèvent pas de l’Opep, pourrait déséquilibrer le marché. L’un des facteurs clés qui pourrait également faire baisser les prix est la suppression ou la réduction des efforts de l’OPEP+ pour limiter la production, comme en témoignent les récentes discussions au sein de l’organisation.
La guerre commerciale, un facteur majeur
L’intensification de la guerre commerciale menée par l’administration américaine, notamment les augmentations de tarifs douaniers, a eu des répercussions directes sur les marchés mondiaux, y compris le marché de l’énergie. En réaction aux décisions prises par les États-Unis, la Chine a riposté en taxant ses importations en provenance des États-Unis, et cette mesure a provoqué un coup de mou dans la seconde économie mondiale. Ce ralentissement entraîne une diminution de la demande de pétrole, car les entreprises et les industriels consomment moins d’énergie. En outre, la guerre commerciale alimente une incertitude économique planétaire qui pèse sur les prévisions concernant les prix de l’énergie.
Les analystes soulèvent également la possibilité que l’OPEP+ revienne sur ses engagements en matière de réductions de production, ce qui engendrerait une offre trop abondante sur le marché. Avec une demande stagnante, cette hausse de l’offre pourrait bel et bien entraîner une chute des prix, éventuellement sous les 40 dollars le baril.
Tensions géopolitiques et dynamiques de production à l’échelle mondiale
La dynamique de production, au sein de l’OPEP+ et chez les autres producteurs, constitue un autre facteur sur lequel s’appuie l’évolution des prix du pétrole. En effet, l’OPEP, organisation regroupant les pays producteurs de pétrole, a longtemps été un acteur clé en régulant l’offre afin d’incarner l’équilibre du marché et de stabiliser les prix. Or le redémarrage de la production d’autres régions comme celle des USA, mais surtout un retour potentiel de la Russie dans le cadre des réductions de production, pourrait déséquilibrer la configuration actuelle.
Des pays comme le Venezuela et l’Iran, qui ont vu leur production diminuer ces dernières années en raison de sanctions internationales et de crises internes, pourraient également réajuster leur capacité de production, ce qui affecterait encore les dynamiques de l’offre. L’ensemble de ces changements pourrait mettre sous pression les prix du pétrole.
Le contexte économique mondial et son impact sur le marché pétrolier
L’effet global des cycles de récession économique de la demande en pétrole ne saurait être sous-estimé. En effet, lorsque l’économie hors pétrole est en récession, on observe une baisse des dépenses en énergie. C’est ce qui s’était produit lors des crises économiques antérieures, puisque la baisse de l’activité économique s’était accompagnée d’une diminution de la demande en pétrole.
Alors que les économistes continuent de prédire des phases de croissance molle, voire un ralentissement de la demande en 2025-2026, la demande pour le pétrole pourrait bien se réduire. Or, selon les économistes de Goldman Sachs, si tel était le cas, le prix du pétrole pourrait alors se retrouver dans une telle dynamique avec un baril à moins de 40 dollars.
Le prix du pétrole : la persistance de la volatilité
Le prix du pétrole est sans conteste un sujet de grande volatilité. Les multiples facteurs à prendre en compte pour tenter d’expliquer les fluctuations des prix rendent à la fois délicat l’exercice de la prévision à long terme et bien souvent peu fiable. Si les dynamiques économiques et géopolitiques sont bien évidemment les aspects les plus analytiques du processus de formation des prix, il n’en reste pas moins qu’un événement inattendu est susceptible d’inverser brusquement une tendance baissière ou au contraire haussière. Les prix des matières premières, et singulièrement ceux du pétrole, dépendent en effet d’une multitude de facteurs, rendant toute prédiction incertaine.
Avec des analyses pointant vers un prix qui pourrait flirter avec les 40 dollars d’ici à quelques années, les acteurs du marché devront suivre de près l’évolution des tensions internationales, les politiques énergétiques des grandes nations et les changements dans les comportements de consommation.