L’annonce de la revalorisation de l’allocation de voyage à 750 euros avait suscité espoir et attente. Mais face au silence des autorités et à l’absence de mise en œuvre concrète, c’est l’incertitude qui domine sur fond de tensions sur le marché parallèle des devises.
Au départ, tout semblait clair. Une nouvelle allocation de voyage revue à la hausse devait entrer en vigueur mi-avril, avec la date du 15 évoquée à plusieurs reprises dans les médias. Une mesure attendue depuis des mois, notamment depuis son report initial en début d’année. Pourtant, à ce jour, rien n’a été officiellement lancé.
Dans les guichets, comme dans les discussions en ligne, les interrogations se multiplient. Les voyageurs guettent une annonce, un décret, un signe, en vain. Ce flou nourrit l’incompréhension, et parfois même un certain désespoir chez ceux qui comptaient sur cette somme pour organiser un séjour à l’étranger. En parallèle, la stagnation du dossier profite directement au marché parallèle de la devise.
Allocation de voyage : toujours pas appliquée, la confusion persiste
L’absence de communication officielle renforce la confusion autour de l’allocation de voyage. De nombreux citoyens, s’étant basés sur la date du 15 avril relayée par certains médias, s’attendaient à pouvoir bénéficier de ce montant revalorisé auprès de leurs banques. Pourtant, le temps continue de s’écouler, tandis qu’aucune nouvelle directive concrète ne filtre vers les établissements bancaires.
L’ancien plafond, 150 euros par an, est toujours en vigueur. Il y a un grand décalage pour les clients entre la promesse d’une hausse à 750 euros, et la vraie mesure. D’autant plus que ce montant revu devait répondre à une forte demande, notamment pour couvrir les frais liés aux déplacements à l’étranger, qu’ils soient familiaux, médicaux ou professionnels.
Ce manque de clarté complique aussi le travail des agents bancaires, souvent sollicités par des clients qui ne comprennent pas pourquoi rien n’a changé malgré les annonces. À défaut d’instruction officielle, ces derniers ne peuvent que répéter qu’aucune directive nouvelle n’a été reçue de la part de la Banque d’Algérie ou des autorités concernées.
Le marché informel des devises en profite
Ce vide institutionnel ouvre une brèche. Le marché parallèle de la devise, déjà très actif, a connu une nouvelle flambée les jours passés. Avec un euro qui s’échange à plus de 257 dinars algériens, le Square Port-Said à Alger enregistre des taux proches de ses niveaux historiques de 260 DZD.
Avec la nouvelle allocation touristique qui se fait attendre sur les circuits légaux, pour bon nombre de citoyens, le recours aux cambistes est inéluctable pour se procurer les devises nécessaires à leurs voyages. Cette demande en forte hausse, qui vient se rajouter à une tension déjà existante, accentue la dynamique de l’illégal, lequel fait office d’alternative faute de mieux.
Dans ce contexte, les autorités monétaires sont scrutées avec plus d’attention, le besoin d’une clarification officielle devient pressant tant pour les citoyens que pour les acteurs bancaires. Car plus l’ambiguïté persiste, plus le décalage se creuse entre les circuits officiel et informel.
Communication imprécise, attentes en suspend
Ce n’est pas la première fois qu’une mesure annoncée se fait attendre. Mais cette fois, elle touche la symbolique de la nouvelle allocation de voyage, alors qu’elle avait été perçue comme un point d’entrée vers l’ouverture, la prise en compte de la réalité économique, après quelques années de plafonds très bas.
Déjà en soi le silence à ce sujet laisse place aux rumeurs. Soit un problème technique ; soit un dispositif dans la ligne de compte affecté au budget des services ; mais sans précision formelle, chacun va de son interprétation. Ce climat d’incertitude contribue à obscurcir la lisibilité de la mise en œuvre des politiques publiques, sur un sujet aussi sensible que celui des devises.
Dans les files d’attente devant les agences bancaires, mais aussi dans les cercles de conversations sur les réseaux sociaux, on a souvent entendu une phrase : « On nous a encore laissés sans réponse ». Une situation qui, pour beaucoup, rappelle presque une histoire déjà vue.