Les voyages dans l’espace Schengen seront marqués dès 2025 par une série de changements importants. Entre nouveaux systèmes de contrôle, formalités électroniques et intégration de nouveaux pays, les voyageurs devront s’adapter à des règles renforcées et à des démarches administratives élargies.
Les séjours en Europe vont connaître un véritable tournant administratif. À partir d’octobre 2025, les ressortissants de pays tiers exemptés de visa verront leurs allées et venues surveillés de façon plus stricte, via un système technologique destiné à moderniser et à sécuriser les frontières de l’Union européenne. Dans le même temps, l’élargissement de l’espace Schengen avec l’entrée totale de la Bulgarie et de la Roumanie, ainsi que la réactivation de contrôles aléatoires à certaines frontières intérieures, viennent compléter un paysage réglementaire en pleine mutation.
Voyages dans l’espace Schengen : vers un encadrement renforcé des entrées et sorties
L’Union européenne a confirmé l’entrée en vigueur du système EES (Entry/Exit System) en octobre 2025. Cet outil numérique va transformer la manière dont les frontières extérieures sont surveillées. Concrètement, chaque voyageur provenant d’un pays tiers, qu’il soit soumis ou non à l’obligation de visa, devra enregistrer ses informations personnelles et biométriques dès son arrivée, et ce, pour tout séjour de moins de 3 mois (90 jours).
Cette base de données centralisée a pour objectif de mieux contrôler les flux migratoires, prévenir les séjours irréguliers, et disposer de statistiques précises sur les passages aux frontières. Cette nouvelle mesure s’appliquera aussi bien à un touriste américain entrant en France qu’à un voyageur brésilien visitant l’Italie. La vérification manuelle des passeports sera remplacée par une lecture électronique aux bornes automatiques déployées dans les aéroports et autres points d’entrée.
EES et formalités de voyage : quelles implications concrètes ?
L’un des changements majeurs réside dans l’abandon du tampon manuel au profit d’un enregistrement numérique (SES). Lors du franchissement des frontières, le système retiendra non seulement la date d’entrée et de sortie, mais aussi le type de document utilisé, les empreintes digitales et une photo d’identité. Les autorités pourront alors détecter plus facilement les dépassements de séjour autorisé ou les comportements suspects.
En complément, les voyageurs de 60 pays actuellement dispensés de visa dont l’Amérique du Nord notamment les États-Unis et le Canada, les pays européens non membres de l’Union européenne, la région Asie-Pacifique, ainsi que certains pays d’Amérique latine, le Royaume-Uni, le Japon, ainsi que d’autres nations actuellement exemptées de visa Schengen, devront se préparer à une autre formalité dès la fin 2026, il s’agit de l’autorisation de voyage ETIAS.
Même si elle n’entrera en vigueur qu’après l’EES, cette autorisation électronique devra être obtenue avant le départ, via un formulaire en ligne coûtant 7 euros. Elle sera valable trois ans et liée au passeport du voyageur. À noter que cette exigence ne remettra pas en cause l’exemption de visa, mais elle introduit une étape supplémentaire dans la préparation d’un voyage.
Nouvelles règles pour les courts séjours, sécurité accrue et harmonisation à venir
Outre ces nouveaux systèmes, d’autres mesures affecteront indirectement les voyages dans l’espace Schengen. En 2025, plusieurs pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la France ou l’Italie poursuivent le rétablissement temporaire des contrôles aux frontières intérieures pour des raisons de sécurité. Ces contrôles peuvent intervenir à tout moment, souvent sans annonce préalable.
Par ailleurs, des pays comme l’Espagne ou la Grèce ont renforcé leurs exigences internes en matière de sécurité. En Espagne, les professionnels du tourisme collectent désormais une grande quantité allant de 40 à 60 données personnelles (adresse, état civil, numéros de téléphone, numéro de passeport, numéro de permis de conduire dans le cas d’une location de voiture, adresse email, coordonnées bancaires et de cartes de crédit, liens de parenté entre voyageurs, itinéraire de voyage, etc) et ce, à des fins de lutte contre la criminalité. Le non-respect de ces règles pat les professionnels du tourisme engendrerait des amendes pouvant atteindre 30 000 EUR.
En Grèce, les taxes touristiques ont été revues à la hausse, et ce, depuis le 1 er janvier 2025, y compris pour les locations saisonnières et les passagers de croisière. Ces tarifications diffèrent cependant entre la basse saison couvrant la période de novembre à mars et la haute saison couvrant la période allante du mois d’avril à octobre.
Dans le détail, en haute saison, les tarifs des hôtels sont les suivants :
- 1 et 2 étoiles : 2 EUR par nuit
- 3 étoiles : 5 EUR par nuit
- 4 étoiles : 10 EUR par nuit
- 5 étoiles : 15 EUR par nuit
Concernant les locations saisonnières, à savoir : maisons, villas et résidences touristiques meublées, la taxe est de 8 EUR par nuit pour les surfaces inférieures à 80 m² et de 15 EUR par nuit pour les plus grandes. De plus, le gouvernement grec a instauré une taxe sur les passagers des bateaux de croisières, qui varie selon le port de débarquement, ces taxes se présentent comme suit :
- 5 EUR par passager qui débarque au port d’Athènes ou de Corfou
- jusqu’à 20 EUR par passager qui débarque au port de Santorin ou de Mykonos.
Une carte Schengen élargie, mais une circulation plus encadrée
Depuis janvier 2025, la Bulgarie et la Roumanie font officiellement partie intégrante de l’espace Schengen. Cela signifie que les contrôles sont désormais levés à toutes leurs frontières, qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes. Les voyageurs peuvent donc circuler librement entre ces deux pays et les 27 autres États Schengen.
Toutefois, une période de surveillance renforcée de six mois a été annoncée afin de prévenir tout afflux migratoire soudain ou menace pour la sécurité. Dans les faits, des contrôles aléatoires peuvent encore avoir lieu. Et selon votre nationalité, un visa peut rester nécessaire pour entrer dans l’un ou l’autre de ces deux pays.
Technologies, autorisations et attentes : ce qui attend les voyageurs
Les évolutions prévues s’accompagnent d’une certaine complexité pour les usagers. Revenir à la règle des 100 ml pour les liquides en cabine, comme imposé depuis septembre 2024, ajoute une contrainte de plus à la liste. De même, l’harmonisation tant attendue des politiques de bagages cabine n’a toujours pas vu le jour, chaque compagnie continue d’imposer ses propres standards.
Face à cette multitude de réformes, l’Union européenne entend moderniser les voyages sans les compliquer à outrance. Le calendrier progressif de mise en œuvre, avec EES en 2025 puis ETIAS en 2026, semble viser une adaptation en douceur. Mais dans les faits, les voyageurs devront redoubler de vigilance pour anticiper chaque exigence selon leur nationalité, leur destination et le type de séjour envisagé.
Des ajustements sont encore possibles, mais à ce stade, un constat s’impose. En effet, à l’ère du numérique et des enjeux migratoires, voyager en Europe ne relèvera plus uniquement d’un passeport en règle.