Ce samedi 19 avril, le prix de 100 euros en dinar continue d’évoluer sur le marché parallèle en Algérie, suscitant un vif intérêt à l’approche des vacances. Entre incertitude réglementaire et spéculation, le taux grimpe tandis que l’allocation touristique attend toujours son feu vert officiel.
En cette mi-avril, les Algériens scrutent avec attention l’évolution du marché des devises. Alors que les vacances d’été approchent et que les projets de voyage se multiplient, la valeur de l’euro face au dinar algérien ne cesse de fluctuer. La promesse de l’allocation touristique revalorisée à 750 euros aurait pu calmer la tension sur le marché parallèle, mais l’attente prolongée ne fait qu’accentuer l’instabilité.
Du côté des cambistes, le square Port-Said à Alger retrouve une effervescence typique des périodes d’incertitude. L’absence d’une mise en œuvre concrète de l’allocation a ravivé la spéculation. Ainsi, les taux de change explosent, alimentés par la demande croissante de devises étrangères et l’absence de points de change officiels en fonctionnement.
Prix de 100 euros en dinar sur le marché parallèle : une hausse sans surprise
Le taux de change de l’euro sur le marché informel continue d’échapper à tout contrôle institutionnel. Le prix de 100 euros en dinar atteint désormais 25 800 DZD à la revente, avec un taux unitaire oscillant entre 255 et 258 dinars. Ce niveau élevé contraste fortement avec le taux officiel affiché par la Banque d’Algérie, qui reste fixé à environ 150,85 dinars pour un euro.
Cette différence de plus de 100 dinars s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, l’attente prolongée de l’application de l’allocation touristique de 750 euros alimente la frustration et le doute. Ensuite, l’absence de bureaux de change fonctionnels dans les ports et aéroports maintient une dépendance quasi-totale au marché parallèle pour l’accès aux devises.
La spéculation est d’autant plus forte que les autorités avaient laissé entendre que l’allocation touristique serait opérationnelle dès la mi-avril. Or, malgré les déclarations rassurantes des responsables bancaires et la mise en place d’une infrastructure dédiée, le feu vert réglementaire de la Banque d’Algérie se fait toujours attendre.
Allocation touristique et spéculation monétaire : un lien direct
La perspective d’une allocation touristique bonifiée avait suscité un vent d’optimisme chez les voyageurs algériens. Annoncée par le président Tebboune fin 2024, cette mesure vise à relever le plafond annuel de 130 à 750 euros, un changement attendu depuis plusieurs années. Toutefois, en l’absence d’instruction officielle de la Banque centrale, la mesure reste bloquée au stade administratif.
Selon les dernières informations, les banques publiques, notamment la BNA, le Crédit populaire d’Algérie et la BADR, ont déjà finalisé leur plan de déploiement. Bureaux de change aux postes-frontières, outils digitaux modernisés, procédures harmonisées… tout est prêt. Mais sans texte officiel, impossible de procéder aux versements. En attendant, c’est le marché informel qui profite de ce vide réglementaire.
Sur les réseaux sociaux, les cambistes n’hésitent pas à souligner que tant que cette allocation ne sera pas effective, la demande en euros ne pourra que croître, tirant les prix à la hausse. Et avec la haute saison qui approche, la tendance ne devrait pas s’inverser.
Marché officiel vs marché parallèle : l’écart se creuse
Les écarts ne se limitent pas à l’euro. Le dollar américain, par exemple, se négocie à 231 DZD à l’achat sur le marché informel, contre 132,64 DZD dans les taux officiels. Idem pour la livre sterling, qui d’échange à 306 dinars en vente parallèle contre 175,96 dinars selon la Banque d’Algérie. Ces écarts spectaculaires traduisent une défiance persistante vis-à-vis du système bancaire et une forte demande en devises étrangères.
Les voyageurs, étudiants, patients et professionnels devant se rendre à l’étranger n’ont d’autre choix que de recourir à ces circuits informels, faute d’alternative légale opérationnelle. Le blocage administratif de l’allocation renforce cette dépendance, alimentant un cercle vicieux entre absence d’offre légale et montée des prix.
Une attente qui pèse lourd sur les citoyens
Du côté des citoyens, l’attente se transforme en crispation. Les familles qui prévoient un séjour à l’étranger pour des raisons de santé ou d’études doivent faire face à une réalité financière de plus en plus contraignante. Pour certains, réunir les 100 euros nécessaires à un rendez-vous médical ou à une inscription universitaire devient un défi budgétaire majeur.
L’administration, elle, renvoie la balle entre les banques et la Banque d’Algérie. Pourtant, tous les acteurs concernés affirment que tout est techniquement prêt. La déclaration du président de la Commission des finances à l’APN vient confirmer que le seul élément manquant reste l’instruction officielle, un document qui continue de se faire attendre malgré son importance capitale.
Les prochains jours seront déterminants. Si la situation reste figée, le marché parallèle risque de connaître une nouvelle flambée, surtout avec la montée en puissance des voyages estivaux. Et pour les citoyens, le prix de 100 euros en dinar pourrait bien continuer à grimper, entre incertitude réglementaire et logique d’offre et de demande.