Alors que le Garcinia cambogia est toujours vendu en Algérie comme complément alimentaire proposé par de nombreuses boutiques en ligne sur les réseaux sociaux. La France a décidé d’en interdire l’importation et la commercialisation à cause de risques sanitaires graves, liés notamment à l’acide hydroxycitrique qu’il contient.
L’énorme décalage est saisissant. D’un côté, cette plante exotique est toujours libre à la vente dans certains magasins ou en ligne en Algérie. De l’autre, une interdiction ferme en France a été mise en œuvre ce 15 avril 2025. L’élément de rupture est en lien avec les effets indésirables jugés trop graves pour continuer à tolérer la mise sur le marché du complément alimentaire à base de Garcinia cambogia.
Longtemps plébiscité pour ses supposées vertus minceur, ce fruit tropical, aussi appelé tamarinier de Malabar, est aujourd’hui dans le viseur des autorités sanitaires françaises. Une surveillance qui ne date pas d’hier, mais qui vient de se traduire par une mesure ferme : « plus de vente, plus d’importation, plus de circulation sur le territoire français. »
Le complément minceur Garcinia cambogia dans la tourmente
Le 15 avril dernier, le gouvernement français a signé l’arrêté suspendant la vente des compléments alimentaires à base de Garcinia cambogia. Ce n’est pas une décision isolée, elle s’inscrit dans une dynamique initiée dès le 5 mars 2025 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), qui avait recommandé aux consommateurs de ne plus consommer ces produits.
On incrimine une substance active qui est l’acide hydroxycitrique (AHC), censé favoriser la perte de poids et impliqué, d’après l’agence de sécurité sanitaire, dans des effets indésirables graves, parfois irréversibles. En effet, entre 2009 et septembre 2024, 38 signalements ont été enregistrés, dont des atteintes hépatiques, digestives, cardiovasculaires, musculaires et même psychiatriques. Un décès lié à une hépatite aiguë a même été signalé.
Malgré une interdiction déjà en place depuis 2012 dans les médicaments, les compléments alimentaires ont continué à être vendus. Selon l’AFP, environ 340 compléments alimentaires contenant du Garcinia cambogia circulaient encore récemment sur le marché français, principalement via des canaux de vente en ligne. Une situation jugée préoccupante par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ainsi que le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, qui ont décidé de réagir, comme indiqué dans leur communiqué publié ce vendredi 18 avril.
Dans l’attente d’une décision éventuelle de l’échelon européen, les deux ministres, Annie Genevard et Eric Lombard, ont pris la décision par l’arrêté du 15 avril de « protéger les consommateurs » en « suspendant l’introduction, depuis un État membre de l’Union européenne, de l’importation, depuis un pays tiers et la mise sur le marché national des compléments alimentaires contenant la plante Garcinia cambogia ».
Une attente côté européen face à des risques reconnus
Le règlement européen n’interdit pas formellement la plante dans les compléments alimentaires. Les allégations de santé fréquemment utilisées, « réduction de la faim », « contrôle du poids », « diminution du stockage des graisses », sont encore en cours d’évaluation par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments). En attendant une position commune au niveau de l’Union européenne, la France a préféré agir seule pour protéger les consommateurs.
Les produits concernés doivent être retirés immédiatement des rayons et des entrepôts. Les exploitants qui ont commercialisé ces produits sont obligés de procéder à un « retrait-rappel ». Les services d’inspection du ministère de l’Agriculture sont d’ailleurs mobilisés pour s’assurer de l’effectivité de ces mesures.
En Algérie, le compliment reste commercialisé
Contrairement à la France, l’Algérie ne semble pas avoir émis d’avertissement officiel sur le Garcinia cambogia. Le complément est encore facilement accessible, que ce soit en ligne, notamment via Facebook et TikTok ou dans certaines pharmacies. Il est mis en avant de manière constante pour ses vertus sans que ses effets soient démontrés sur la gestion du poids, alors même que l’offre en matière de produits minceur peine à advenir sur un marché où une demande reste forte.
Ce décalage d’exigences réglementaires est révélateur d’un traitement divergent du risque sanitaire selon les pays. Alors que la France alerte sur la toxicité potentielle de la plante, d’autres marchés continuent d’en faire la promotion. La communication entre les autorités de santé à l’échelle régionale ou internationale pourrait devenir déterminante dans les prochains mois, surtout si l’EFSA tranche en faveur d’une interdiction plus large. Le débat reste ouvert, mais en France, la page est tournée pour le Garcinia cambogia.