Diana, une Algérienne fuit la France pour sauver ses enfants, installée dans le pays depuis des années, elle n’aurait jamais imaginé un jour devoir fuir la France. Pourtant, c’est exactement ce qu’elle a fait. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Elle témoigne de son parcours.
Elle raconte son histoire, entre choc, incompréhension et peur viscérale de perdre la garde de ses enfants. Un récit qui met en lumière une réalité bien plus vaste que son seul cas personnel. Elle n’a aucun antécédent judiciaire, aucune plainte déposée contre elle. Elle travaille, subvient aux besoins de ses enfants, les scolarise, les soigne, les élève avec attention. Rien, dans son parcours, ne la prédestinait à se retrouver face aux services sociaux, encore moins à prendre la fuite vers l’Algérie.
« Je ne suis pas une délinquante. Je n’ai jamais eu affaire à la police ni à la justice », affirme-t-elle calmement. Et pourtant, elle a vécu, selon ses mots, « la peur de perdre ses enfants du jour au lendemain », sans jugement, sans condamnation, uniquement à partir d’un incident scolaire et de suspicions mal interprétées.
Une Algérienne fuit la France et se retrouve avec un mandat d’arrêt Européen
Diana vivait à Paris, dans un quotidien qu’elle décrit comme ordinaire. Elle travaillait, ses enfants allaient à l’école, et comme beaucoup de familles d’origine algérienne, elle essayait de jongler entre ses valeurs culturelles et la réalité de la vie en France. Tout semblait relativement stable.
Zaki, son fils, se rend en classe avec un maillot de football de l’équipe nationale algérienne, sur lequel figure un petit drapeau palestinien. Ce détail, qui peut sembler anodin, va déclencher une chaîne d’événements inattendue. L’enseignante aurait réagi violemment en l’accusant devant toute la classe d’être « complice avec les terroristes ». Un mot lourd de conséquences, surtout pour un enfant de 11 ans. Zaki, choqué, aurait quitté la salle de classe après avoir été tiré par les oreilles. Ce geste aurait été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Cet épisode n’est pas le seul à avoir attiré l’attention sur la famille. Quelques semaines auparavant, un autre événement avait déjà soulevé des remarques dans l’école de Zaki. Cette fois, c’est le contenu de son déjeuner qui pose question. Un jour, il refuse de manger certains plats à la cantine, expliquant qu’il mange exclusivement de la viande halal. L’attitude, courante pour de nombreuses familles musulmanes, est alors considérée comme un « repli identitaire » par certains membres du personnel scolaire, selon le récit de Diana.
Cette remarque, bien qu’elle ne débouche pas directement sur une action, aurait été consignée dans le dossier scolaire de l’enfant. Pour la mère, cela a contribué à alimenter une image stéréotypée de la famille, perçue comme « non intégrée« , malgré des années de vie en France et une scolarisation normale des enfants.
Deux jours plus tard, Diana reçoit une convocation pour une réunion à l’école. Elle s’y rend, pensant qu’il s’agit d’un simple entretien avec la direction. Mais elle découvre, à sa grande surprise, la présence de l’inspectrice de l’éducation nationale et d’un agent de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). C’est à ce moment qu’elle comprend que la situation est bien plus sérieuse qu’elle ne le pensait.
Là où elle s’attendait à une discussion sur le comportement de son fils ou un rappel des règles scolaires, elle découvre qu’une enquête est en cours. La possibilité d’un placement des enfants commence à se dessiner. Pour Diana, c’est l’incompréhension totale : « On m’accuse à demi-mot de ne pas être une bonne mère alors que je n’ai jamais eu de problème auparavant », explique-t-elle dans l’interview donnée à la chaîne Echorouk.
C’est une amie policière qui la prévient : les services sociaux envisagent de retirer ses enfants dès le lendemain, sans attendre l’audience prévue deux jours plus tard. Cette information, bien qu’officieuse, déclenche chez Diana une alarme intérieure. Pour elle, il n’est plus temps de discuter ou d’espérer que les choses s’arrangent. Elle prend une décision radicale : fuir la France.
En une nuit, elle prépare les bagages de ses enfants. Elle évite d’utiliser son téléphone, de peur qu’il soit sur écoute. Elle ne dit rien à sa mère, à qui elle laisse simplement ces mots : « Embrasse-les bien, c’est peut-être la dernière fois. » Le lendemain, elle change ses billets d’avion et embarque avec ses enfants pour Alger.
Une fois à Alger, Diana explose en sanglots. Elle est fatiguée, bouleversée, mais soulagée. Ses enfants sont avec elle, sains et saufs, loin de ce qu’elle considère comme une menace administrative. Lorsqu’on lui demande comment elle va, elle répond simplement : « Je vais bien, j’ai juste sauvé mes enfants. »
Près de 440 000 enfants placés dans des familles d’accueil
L’histoire de Diana n’est pas un cas isolé. En France, environ 440 000 enfants sont suivis par l’Aide sociale à l’enfance, dont une grande partie est placée dans des familles d’accueil, foyers spécialisés ou autres structures. Un chiffre massif, qui place la France parmi les pays européens ayant le plus recours à ce type de protection.
Ces placements, censés protéger l’enfant, sont parfois vécus par les familles comme une forme d’arrachement, surtout lorsqu’ils sont décidés de manière rapide ou sans concertation suffisante. Les parents, souvent démunis, ont du mal à faire valoir leur version des faits dans des procédures administratives complexes et parfois opaques.
Ce contexte alimente le sentiment, chez certaines familles issues de l’immigration, que le système social français peut se retourner contre eux. Diana affirme que plusieurs de ses connaissances ont connu des expériences similaires, avec des enfants retirés sur la base de soupçons ou d’interprétations culturelles mal comprises.
Dans son témoignage, Diana ne cherche pas à se poser en victime. Elle parle avec calme, parfois avec une émotion à peine contenue. Ce qu’elle veut, c’est faire entendre une autre réalité, celle des familles pour qui le système social, au lieu de représenter une aide, devient une menace.
Elle évoque notamment ce qu’elle qualifie de “système automatique”, où un simple signalement peut déboucher sur une procédure de placement. Selon elle, certains agents de l’ASE agissent sans prendre le temps de comprendre les réalités culturelles des familles concernées.
Elle explique avoir eu l’impression de devenir un dossier, un numéro, une situation à traiter. « On m’a parlé comme si j’étais déjà coupable. Personne n’a pris la peine de me demander ce que j’avais à dire. »