Le prix des billets d’avion va poursuivre en 2025 l’ascension que sa trajectoire laisse supposer, sous-tendu par une addition de facteurs économiques et industriels non négligeables. Au programme : hausse des coûts de production, taxation plus forte et pression sur les ressources. Les passagers peuvent s’attendre à ce que le prix de leur voyage augmente.
Les voyageurs n’ont guère eu le temps de s’acclimater à des hausses post-Covid que les turbulences tarifaires continuent d’attaquer. En 2024, déjà, du moins par petites touches, les prix avaient quelque peu progressé. Mais les signaux de l’année 2025 laissent à penser que les hausses seront plus importantes. Le phénomène n’est pas le fruit d’un seul et unique élément, mais d’un faisceau de tendances qui, au cumul, alourdit la note à acquitter par les consommateurs.
Si certains facteurs sont conjoncturels, d’autres s’inscrivent de manière plus pérenne dans le paysage du transport aérien. Que l’on évoque des décisions politiques, des tensions géopolitiques ou des évolutions industrielles, tous ces éléments se répercutent désormais sur le prix final des billets, avec un espace de manœuvre de plus en plus resserré, tant pour les compagnies que pour les passagers.
Les prix des billets d’avion sous contraintes fiscales et réglementaires
L’un des changements qui se profile à l’horizon 2025, c’est la mise en place de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA). Instaurée initialement en 2006 pour financer l’aide internationale, elle fera l’objet d’une revalorisation à compter du 1er mars 2025 conformément aux dispositions de la loi de finances 2025. Le projet de loi de finances prévoit une augmentation significative de cette taxe, variant selon les destinations et la classe de voyage. Pour les vols intra-européens en classe économique, la taxe passera de 2,63 € à 7,40 €. Sur les vols long-courriers, la note pourra grimper jusqu’à 40 € par billet.
Les compagnies aériennes françaises, dont Air France et Transavia, redoutent les effets des contraintes fiscales sur leur compétitivité, notamment face aux transporteurs étrangers moins affectés. Dans une conjoncture de marché où des tensions existent déjà sur les marges, chaque euro de taxe additionnel finit par être répercuté à chaque fois sur le prix du billet d’avion.
Cette hausse fiscale n’arrive pas à un bon moment et se superpose à d’autres coûts réglementaires et environnementaux comme la pression pour réduire les émissions de CO₂ qui semble de plus en plus forte. De nombreuses compagnies doivent investir dans des flottes moins polluantes, avec des avions de nouvelle génération comme l’Airbus A321neo ou le Boeing 787 Dreamliner, plus économes, mais aussi plus chers à l’achat.
L’industrie aéronautique confrontée à des hausses structurelles
Au-delà de la fiscalité, le coût de production des avions dans l’industrie aéronautique connaît lui aussi une inflation continue. Les prix des matières premières telles que l’acier, le titane ou l’aluminium, dont la construction aéronautique est tributaire, ont flambé depuis plusieurs années. La facture s’alourdit encore sous l’effet de la guerre commerciale entre les États-Unis et certains pays, notamment du retour des droits de douane sur l’acier et l’aluminium après l’élection de Trump.
Les constructeurs comme Airbus et Boeing ne publient plus de grilles tarifaires officielles, mais des estimations permettent de mesurer l’ampleur de la hausse : le prix d’un Boeing 737 MAX 8 est passé d’environ 121,6 millions de dollars en 2023 à près de 159 millions en 2024. Idem pour le Dreamliner 787-9, estimé à 386 millions de dollars. Des hausses de 30 à 40 % sont signalées par plusieurs experts du secteur. Le coût d’un Airbus 321neo est d’environ 148 millions, comparé à 129,5 millions en 2018.
À cela s’ajoutent des coûts salariaux en forte hausse. Un accord signé chez Boeing prévoit une revalorisation de 38 % des salaires sur quatre ans pour plus de 33 000 salariés. Des dépenses structurelles qui finissent, elles aussi, par se répercuter sur les prix des billets d’avion.
Le rôle clé du carburant et des devises
Autre levier incontournable est celui du prix du carburant aérien. Le kérosène représente jusqu’à 30 % des coûts d’exploitation d’une compagnie. La volatilité des cotes pétrolières, aggravée par le risque géopolitique et les conflits en cours, pèse lourdement sur les budgets. La facture énergétique reste donc un déterminant essentiel des tarifs.
En outre, le fait que la majorité des contrats d’achat d’avions soit en dollars fait également du taux de change euro-dollar un paramètre de coût pour les compagnies européennes. Une baisse de l’euro face au billet vert rend les avions plus coûteux à importer et pousse mécaniquement les prix des billets à la hausse.
Vers une nouvelles politiques tarifaires pour les voyageurs
Cette accumulation de contraintes pousse les compagnies à revoir leurs politiques tarifaires. L’ère du combat tarifaire d’avant-Covid est bien close. Aujourd’hui, les compagnies sont à la recherche de rentabilité et de la maîtrise des coûts. Certaines entreprises font davantage appel à la vente de services annexes (choix de siège, bagages, restauration) pour ne pas fragiliser leurs revenus.
Les passagers, quant à eux, doivent adapter leurs habitudes : réserver plus tôt, comparer plus souvent, éviter les périodes de pointe, ou encore s’ouvrir à d’autres aéroports ou itinéraires moins prisés. Certains analystes évoquent même une possible recomposition du paysage du low cost, pris en étau entre la montée des coûts fixes et la difficulté de maintenir des prix attractifs.
Des ajustements qui pourraient transformer en profondeur les comportements de voyage, dans un contexte où l’aérien reste l’un des secteurs les plus exposés aux chocs économiques et géopolitiques. Et pour les voyageurs qui espéraient un peu de répit après des années de pandémie et d’instabilité, 2025 ne s’annonce pas comme un retour à la normale, mais plutôt comme un nouveau chapitre dans la longue histoire des turbulences tarifaires.