C’est désormais officiel, les tarifs du pass Navigo vont encore augmenter tous les ans jusqu’en 2031. Une décision confirmée par Valérie Pécresse, dans le cadre d’un accord entre l’État et Île-de-France Mobilités. Si les hausses sont annoncées comme « modérées », elles s’ajoutent à une série d’augmentations déjà ressenties par les usagers. En toile de fond, le financement du Grand Paris Express, un chantier colossal en proie à des retards.
L’annonce n’est pas passée inaperçue parmi les usagers des transports franciliens, Valérie Pécresse a confirmé que le prix du pass Navigo continuera d’augmenter chaque année jusqu’en 2031. Une mesure inscrite dans un accord stratégique conclu avec l’État, mais qui soulève de nombreuses interrogations. Entre besoin de financement des grands projets d’infrastructure et pression sur le pouvoir d’achat, cette trajectoire tarifaire soulève autant de justifications que de contestations. Retour sur une hausse programmée qui ne fait pas l’unanimité.
Tarifs du pass Navigo, augmentation continue depuis 2023
Depuis janvier 2023, les Franciliens ont vu leur abonnement mensuel Navigo connaître une hausse significative. En un peu plus de deux ans, il est passé de 75,10 euros à 88,80 euros. La hausse la plus marquée s’est produite en 2023, avec une envolée de 12 %, un choc tarifaire qui avait déjà suscité de vives critiques.
Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France et d’Île-de-France Mobilités (IDFM), justifie cette évolution par une nécessité budgétaire, « Ce n’est pas un choix par confort, mais une obligation pour assurer l’avenir du réseau », a-t-elle rappelé dans une interview accordée au Parisien. Malgré la grogne, elle maintient que les tarifs du pass Navigo vont encore augmenter selon un calendrier bien établi, fruit d’un accord avec l’État signé en 2023.
L’enjeu principal derrière cette politique tarifaire réside dans le financement du Grand Paris Express, vaste projet d’extension du métro francilien. Ce chantier vise à décongestionner le réseau actuel et à desservir plus efficacement les zones périphériques, mais son coût est astronomique,: plus de 36 milliards d’euros au total.
Les recettes issues de l’augmentation des tarifs du pass Navigo sont donc vues comme un levier financier majeur. D’autant que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont grevé les budgets publics et creusé les déficits des opérateurs de transport. À cela s’ajoutent les hausses du prix de l’énergie, qui pèsent lourdement sur les comptes d’exploitation des réseaux ferrés et bus.
Des retards et des critiques
Si les usagers acceptaient autrefois les augmentations comme un mal nécessaire, la situation a changé avec les retards répétés du Grand Paris Express. Initialement prévues pour 2024 ou 2025, certaines lignes – notamment les lignes 15 sud, 16 et 17 ne verront le jour qu’en 2026 voire 2027. Cela alimente un sentiment d’injustice : payer plus cher pour un service qui tarde à se moderniser.
Des associations d’usagers comme Plus de Trains ou FNAUT Île-de-France ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Pour elles, le manque de transparence sur l’utilisation des recettes et l’absence de compensations visibles pour les voyageurs du quotidien sont inacceptables. Plusieurs pétitions circulent en ligne pour exiger un gel des tarifs.

Le Grand Paris Express entre promesses retardées et tensions budgétaires
Considéré comme l’un des projets d’infrastructure les plus ambitieux d’Europe, le Grand Paris Express promet de transformer durablement les transports franciliens. Il prévoit d’ajouter près de 200 kilomètres de lignes automatiques autour de Paris, avec la création de 70 nouvelles gares destinées à désengorger les réseaux actuels, notamment le RER. Mais malgré cette ambition, la réalisation du projet accumule les retards, et cela impacte directement les usagers.
Initialement prévues pour une mise en service progressive dès 2024, certaines lignes comme la 15 Sud, la 16 ou la 17 ont vu leurs échéances repoussées à 2027, voire au-delà. Ces reports fragilisent la promesse d’une amélioration concrète et rapide des déplacements quotidiens, notamment en petite couronne où la pression démographique est forte.
Face à ces délais, le financement devient un point de crispation. Les hausses du tarif du pass Navigo sont justifiées en partie par le besoin de soutenir financièrement le Grand Paris Express. Or, pour de nombreux usagers, il devient difficile de supporter l’augmentation régulière du prix sans bénéficier immédiatement des infrastructures promises. La présidente de la région, Valérie Pécresse, insiste sur la nécessité de poursuivre les investissements, tout en assurant que les augmentations resteront « modérées ». Pourtant, la perception sur le terrain est tout autre, les usagers paient plus, pour un service qui peine à s’améliorer.
À cela s’ajoutent les critiques de l’opposition régionale, qui demandent de réorienter le financement vers des leviers alternatifs : taxation des grandes entreprises, contribution accrue des collectivités, ou prélèvements sur l’aviation privée. Une bataille politique et budgétaire s’engage autour d’un projet que beaucoup considèrent indispensable, mais dont la lenteur d’exécution fragilise la légitimité des efforts financiers demandés aux Franciliens.
Une prise en charge partielle par les employeurs
Valérie Pécresse insiste néanmoins sur le fait que le coût réel du pass Navigo serait bien plus élevé s’il n’était pas subventionné. Elle évoque un montant de 274 € par mois, pris en charge à hauteur de 50 % par la plupart des employeurs en Île-de-France.
En parallèle, des dispositifs de tarification sociale restent en place : gratuité pour les moins de 18 ans à Paris, réductions pour les seniors, étudiants boursiers, chômeurs et personnes en situation de handicap. Cependant, pour les classes moyennes actives, ces aides n’allègent pas la sensation de payer toujours plus.
Une perspective jusqu’à 2031
L’accord signé entre l’État et IDFM prévoit des hausses tarifaires jusqu’à 2031, date à laquelle l’intégralité du Grand Paris Express devrait être opérationnelle. L’idée est de lisser dans le temps l’effort financier demandé aux voyageurs pour éviter une flambée brutale des prix.
Selon les estimations actuelles, les tarifs du pass Navigo pourraient dépasser les 100 € par mois d’ici 2028, si la tendance actuelle se confirme. Pour les usagers quotidiens, cela représente un budget annuel non négligeable, dans un contexte où l’inflation et le coût de la vie pèsent déjà lourd.
Les tarifs du pass Navigo vont encore augmenter, et ce, de manière continue jusqu’en 2031. Si Valérie Pécresse et les autorités défendent ces hausses comme un investissement dans l’avenir, les usagers peinent à en voir les effets immédiats sur la qualité du service. Entre retards, saturation des lignes existantes et perspectives de hausse continue, la grogne pourrait bien s’amplifier dans les mois à venir.