Les professionnels indépendants et télétravailleurs internationaux disposent désormais d’une raison supplémentaire de poser leurs valises en Croatie. Le pays vient d’assouplir les conditions de séjour pour les titulaires d’un visa nomade digital, leur permettant désormais de rester jusqu’à trois ans. Un avantage qui place la Croatie en tête des destinations européennes accueillantes pour les travailleurs à distance.
La Croatie n’en est pas à son premier pas en matière d’accueil des travailleurs à distance. Depuis 2021, le pays propose un visa pour nomades numériques aux ressortissants non européens souhaitant vivre sur son territoire tout en travaillant pour des entreprises. Ce dispositif, initialement limité à une durée de 12 mois avec une possibilité de prolongation de six mois, vient de connaître un tournant significatif.
Désormais, grâce à une modification de la loi sur les étrangers entrée en vigueur à la mi-mars 2024, les personnes peuvent obtenir un permis de séjour temporaire de 18 mois renouvelable une fois. Une nouveauté qui porte la durée totale potentielle de séjour à trois ans. Un véritable coup de pouce pour les digital nomads qui souhaitent s’installer plus durablement dans un pays Schengen au cadre de vie attractif.
Une réforme du visa nomade digital pensée pour séduire à long terme
Ce changement s’inscrit dans une stratégie plus large qui vise à renforcer l’image de la Croatie comme destination favorable au travail à distance et à l’économie numérique. En prolongeant la durée autorisée du séjour pour nomades numériques, le gouvernement espère stimuler le tourisme longue durée tout en attirant des profils qualifiés. Le ministère de l’Intérieur insiste d’ailleurs sur l’aspect « promotion touristique » de ce programme, qui allie dynamisme économique et mise en valeur du territoire.
Jusqu’ici, les limites de 12 mois plus six mois de prolongation freinaient certains travailleurs souhaitant s’implanter plus durablement. Le nouveau cadre permet plus de flexibilité, notamment pour ceux qui choisissent d’emménager avec leur famille. Les proches peuvent désormais rejoindre le titulaire du visa, un facteur décisif pour les professionnels avec enfants ou conjoint.
La Croatie de plus en plus prisée par les travailleurs nomades

Depuis le lancement du programme, ce sont surtout les ressortissants russes et ukrainiens qui se sont tournés vers la Croatie. D’après les données du ministère de l’Intérieur, entre janvier et septembre 2024, 824 demandes de visa ont été soumises. Parmi elles, 105 provenaient de Russie et 88 d’Ukraine. Ce contexte migratoire s’explique en partie par les conséquences géopolitiques régionales, notamment depuis l’invasion de l’Ukraine.
Mais la Croatie ne séduit pas uniquement ses voisins de l’Est. Des citoyens des États-Unis (51 visas approuvés en 2024) et du Royaume-Uni (12) figurent également parmi les principaux bénéficiaires. Au total, à la fin septembre 2024, 629 nomades numériques disposaient d’un permis de séjour temporaire valide en Croatie.
Avantages pratiques pour les télétravailleurs et flexibilité renforcée
L’extension de la durée de séjour permet aux nomades numériques d’envisager une véritable installation, sans avoir à quitter le pays au bout d’un an. Toutefois, le cadre reste encadré : seule une demande initiale de 18 mois permet de bénéficier d’un renouvellement équivalent. Autrement dit, un séjour de 12 mois ne pourra être suivi que d’une extension de six mois maximum.
La Croatie reste fidèle à sa position de terre d’accueil digitale en clarifiant les règles dès le départ, évitant ainsi les mauvaises surprises administratives. Le visa permet de travailler légalement pour des entreprises situées en dehors du pays, un point crucial pour les freelances, consultants, développeurs ou créateurs de contenu internationaux. Autre avantage non négligeable : la liberté de circulation au sein de l’espace Schengen, une fois installé en Croatie.
Un modèle en devenir dans l’espace Schengen
Alors que de nombreux pays européens testent ou envisagent leur propre visa pour travailleurs à distance, la Croatie affine sa politique et se positionne comme l’un des premiers pays de l’espace Schengen à offrir une telle stabilité. Cette décision pourrait bien inspirer d’autres États membres, confrontés eux aussi à l’émergence de nouveaux modes de travail et à la concurrence pour attirer les talents du numérique.
Ce mouvement s’inscrit dans une tendance globale : les pays cherchent à capitaliser sur l’essor du nomadisme numérique, tout en s’adaptant aux réalités économiques post-COVID. Entre fiscalité souple, qualité de vie et climat méditerranéen, la Croatie coche désormais toutes les cases pour devenir un véritable hub du télétravail en Europe.
Et si certains regardaient hier encore Lisbonne ou Tallinn, ils sont de plus en plus nombreux à glisser le nom de Split ou de Dubrovnik dans leur carnet d’adresses.