Combien vaut aujourd’hui un billet de 100 euros sur le marché parallèle à Alger ? Le « prix de 100 euros en Dzd » reste un indicateur scruté de près par les voyageurs, les commerçants et les cambistes. Ce 28 avril 2025, la tendance marque une pause… mais le contexte reste sous tension.
Sur les trottoirs animés du square Port-Said, à Alger, les taux de change affichés ce lundi 28 avril 2025 laissent entrevoir un léger répit dans l’escalade de la monnaie européenne. Le billet de 100 euros se vend autour de 26 000 dinars et s’achète à un prix légèrement inférieur, entre 25 850 et 25 700 DZD. Une stabilité qui tranche avec la dynamique haussière observée les jours précédents, portée par une demande toujours soutenue.
Cette accalmie, si elle en est vraiment une, s’inscrit dans un climat marqué par plusieurs tensions économiques et sociales. Les raisons de cette pression sur la devise européenne sont multiples, et leur enchevêtrement alimente un déséquilibre structurel sur le marché informel algérien.
Le prix de 100 euros en Dzd reste élevé malgré la stabilité

Le « prix de 100 euros en Dzd » sur le marché parallèle reste à des niveaux très éloignés du taux officiel. Alors que la Banque d’Algérie affiche l’euro à 151,05 DZD, la rue, elle, continue de le coter à 260 DZD à la vente, soit une différence de plus de 70 % par rapport au marché réglementé. Ce fossé illustre le décalage entre l’offre réelle et les besoins de change exprimés sur le terrain.
Ce lundi, la stabilité observée est moins une inversion de tendance qu’une pause ponctuelle. La demande en euros ne fléchit pas. Plusieurs éléments continuent d’alimenter cette pression : le départ des hadjis pour La Mecque, les achats en vue de l’importation de véhicules neufs, ainsi que le retard de la nouvelle allocation touristique fixée à 750 euros par adulte.
En effet, les pèlerins algériens, bien que pris en charge en partie par l’État, doivent souvent convertir des euros pour couvrir certaines dépenses sur place. Ce besoin massif en devises survient en parallèle d’un mouvement tout aussi important de la part des professionnels de l’automobile, à la recherche d’euros pour passer des commandes à l’étranger, notamment en Europe du Sud ou de l’Est.
Écarts marquants entre le marché officiel et le marché parallèle
Lorsqu’on compare les taux de change sur le marché informel d’Alger à ceux pratiqués officiellement par la Banque d’Algérie, l’écart est frappant, monnaie par monnaie. L’euro, par exemple, se vend à 260 DZD sur le marché parallèle, contre seulement 151,05 DZD sur le marché officiel. Le dollar américain, lui, atteint 236 DZD à la vente dans le square, alors que son cours officiel plafonne à 132,39 DZD.
Le même écart se vérifie pour la livre sterling, cotée à 300 DZD au noir contre 176,25 DZD en banque, ou encore pour le dollar canadien qui s’échange à 162 DZD dans la rue, alors que le taux réglementé est de 95,32 DZD. Le franc suisse suit la même logique, passant de 159,86 DZD en version officielle à 275 DZD sur le marché parallèle.
Même les devises régionales et asiatiques n’échappent pas à cette inflation informelle. Le riyal saoudien, indispensable pour les pèlerins, s’élève à 61 DZD au lieu de 35,29 DZD, tandis que le yuan chinois grimpe à 31,5 DZD, presque le double du cours officiel de 18,16 DZD. Le dinar tunisien et le dirham émirati suivent la tendance : 76 DZD et 62 DZD au square, contre 44,18 DZD et 36,04 DZD officiellement.
Ce décalage généralisé entre les deux marchés traduit l’impossibilité, pour de nombreux particuliers et professionnels, d’accéder aux devises via les circuits bancaires. Résultat : le marché informel devient la principale source de change, malgré des taux bien plus onéreux. Ce que cache la stabilité de l’euro au square.
Ce que cache la stabilité de l’euro au square
Même si le « prix de 100 euros en Dzd » n’a pas augmenté ce lundi, les fondamentaux n’ont pas changé. La rareté de la devise, alimentée par une forte demande et des stocks limités, continue de faire pression sur les taux. Les cambistes confient qu’une grande partie des euros en circulation est désormais accaparée par les importateurs de véhicules, qui opèrent souvent dans l’urgence. Cette ruée vers l’euro réduit la disponibilité pour les autres profils d’acheteurs, comme les étudiants ou les voyageurs ordinaires.
Par ailleurs, le raffermissement de l’euro sur les marchés mondiaux ajoute un effet amplificateur. Sur les places financières internationales, la monnaie unique bénéficie d’un regain de confiance face au dollar. Cette évolution n’échappe pas aux cambistes locaux, qui adaptent leurs prix en temps réel selon les signaux venus de Francfort ou de New York.
La régularisation de l’allocation touristique tarde, et ce délai entretient un recours massif au marché parallèle. Tant que les dispositifs officiels ne sont pas appliqués de manière fluide et accessible, le marché informel reste le point de passage obligé.
Enfin, malgré cette apparente accalmie, les acteurs du change ne cachent pas leur prudence. Pour eux, cette pause pourrait n’être qu’une parenthèse dans une montée en puissance encore plus marquée à l’approche de l’été. En attendant, au square Port-Saïd, les euros s’arrachent toujours aussi vite, souvent à prix fort.