Un ressortissant algérien a récemment été arrêté avec une fausse carte de résidence à l’aéroport d’Orly. Une carte de séjour française falsifiée. Derrière un simple contrôle de documents se cache une affaire bien plus complexe impliquant un réseau structuré de falsification de papiers administratifs.
En France, la carte de résidence est un titre de séjour de longue durée délivré à certains étrangers autorisés à s’installer durablement sur le territoire. Elle est généralement valable 10 ans et renouvelable. Ce document permet de vivre, de travailler librement et d’accéder à plusieurs droits sociaux.
Il est souvent accordé à des personnes ayant des attaches solides avec la France, comme les conjoints de Français, les parents d’enfants français ou les résidents de longue date. Contrairement au titre de séjour temporaire, la carte de résident offre une plus grande stabilité.
Elle facilite également les démarches administratives du quotidien. Pour l’obtenir, il faut remplir des conditions strictes, notamment d’intégration et de ressources. Elle représente une étape importante vers une installation durable en France.
Un simple contrôle à Orly qui mène à ce qu’un algérien soit arrêté avec une fausse carte de résidence
Retour sur une enquête aux ramifications multiples entre Alger, Paris et plusieurs complices présumés. Tout commence le 24 novembre 2024, en soirée, lorsqu’un homme de 26 ans, identifié comme Ramzi K., atterrit à l’aéroport d’Orly arrêté avec une fausse carte de résidence. En apparence, rien ne le distingue des autres passagers. Mais lors du contrôle d’identité par la Police aux frontières française, les agents détectent rapidement une anomalie sur sa pièce d’identité.
Il présente une carte de séjour française, censée lui permettre de circuler librement en France. Or, les policiers constatent des incohérences dans les éléments de sécurité du document. Hologrammes douteux, police d’écriture irrégulière, et surtout : un numéro de titre non valide. Les vérifications s’enchaînent, et la conclusion tombe : il s’agit d’un faux. Le passager est immédiatement interpellé.
Quelques heures plus tard, Ramzi K. est reconduit vers l’Algérie. Il est expulsé par vol spécial, escorté par trois agents de la police française, direction l’aéroport Houari Boumediene d’Alger. Il voyage cette fois avec son véritable passeport algérien, valide jusqu’en 2034. À son arrivée, il est remis entre les mains de la brigade de la police judiciaire spécialisée dans les faux documents.
Une tentative d’entrée illégale bien planifiée
Lors de son audition, Ramzi ne nie rien. Il raconte dans le détail comment il a tenté de rejoindre la France en passant sous les radars. Les faits remontent à la matinée du 11 novembre 2024. Le jeune homme se présente à l’aéroport d’Alger avec un plan bien huilé : il détient deux billets d’avion. L’un à destination de Tunis, l’autre vers Paris-Orly, ce dernier étant appuyé par une fausse carte d’embarquement Transavia.
Mais le détail qui intrigue les enquêteurs, c’est la manière dont il a obtenu cette carte de vol falsifiée. Selon ses déclarations, tout a été mis en place grâce à un homme connu sous le surnom de « Yabangi », résident du quartier de Bab Ezzouar à Alger. Ce dernier lui aurait indiqué où récupérer la fameuse carte à proximité des comptoirs d’enregistrement de la compagnie aérienne française. Une méthode discrète, mais connue des services de sécurité.
Une carte de séjour achetée pour 3000 euros
L’algérien arrêté avec une fausse carte de résidence affirme avoir versé la somme de 3000 euros en devises pour obtenir une fausse carte de séjour et les documents de voyage nécessaires. Le nom de celui qui aurait fourni la pièce d’identité falsifiée revient alors dans ses propos : Kamel B., arrêté peu après à Jijel. Lors de la perquisition de son domicile, les forces de l’ordre mettent la main sur deux ordinateurs portables et une unité centrale, qui pourraient avoir servi à la confection des faux documents.
Des images de vidéo surveillance révélatrices
Pour démêler les fils de cette affaire, les enquêteurs exploitent également les images des caméras de surveillance de l’aéroport d’Alger. Elles confirment plusieurs éléments clés du récit de Ramzi. On y voit notamment un individu déposer un objet dans les toilettes avant de repartir en voiture. Ramzi, quant à lui, est filmé peu après, entrant dans ces mêmes sanitaires et en ressortant avec un comportement suspect.
Un autre homme, identifié comme Kamel B., est également filmé sur les lieux ce jour-là. Il arrive en taxi, entre dans le terminal et s’installe dans la zone d’attente. Peu après, il se dirige vers les toilettes, téléphone à la main. À 12h25 précises, Ramzi le rejoint. Les deux hommes sortent ensemble quelques secondes plus tard. L’un s’en va en voiture, l’autre reste dans la zone d’embarquement.
Les autorités notent également que Ramzi retournera une seconde fois aux toilettes pour y parler brièvement avec un agent d’entretien. Une conversation discrète, mais visiblement liée à son plan de fuite.
L’enquête progresse rapidement. Un troisième homme, Ismaïl B., est identifié comme étant le propriétaire du véhicule utilisé le jour des faits. Il est arrêté, tout comme un autre suspect surnommé « Le Réseau », de son vrai nom Seifeddine B., appréhendé à Dar El Beïda après avoir été piégé grâce à la coopération d’Ismaïl.
Seifeddine, interrogé par les enquêteurs réseau de faux documents reconnaît avoir participé à l’opération. Il aurait conduit depuis Béjaïa un faussaire chargé d’apposer un faux cachet de la Police des frontières sur la carte d’embarquement destinée à Ramzi. Il indique également que le complice ayant déposé le document dans les toilettes n’est autre que son ami Walid Z., également recherché par la police.
Des chefs d’accusation multiples pour les suspects
Aujourd’hui, ce sont quatre personnes qui sont poursuivies dans cette affaire : Ramzi K., Kamel B., Ismaïl B. et Seifeddine B., alias « Le Réseau ». Deux d’entre eux sont actuellement incarcérés à la prison d’El Harrach. Ils seront jugés prochainement par le tribunal correctionnel de Dar El Beïda.
Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation : falsification et usage de faux documents administratifs, sortie illégale du territoire national, et organisation d’une sortie irrégulière moyennant une contrepartie financière.
Les cartes de séjour françaises sont particulièrement prisées. Elles permettent à leur porteur, du moins en apparence, de circuler sans encombre dans l’espace Schengen. Certains candidats au départ sont prêts à dépenser des milliers d’euros pour obtenir ces documents frauduleux.