L’Aïd el-Adha 2025 approche, mais pour les Algériens de France, cette fête religieuse s’annonce bien différente cette année. En particulier dans des villes comme Lyon, où une crise liée à la hausse des prix des moutons complique la célébration de ce moment traditionnel.
Entre la flambée des prix, l’impact des crises économiques et des changements logistiques, la communauté algérienne prise au piège, est incapable de maintenir une tradition essentielle pour beaucoup.
Outre la hausse des prix, les problèmes logistiques viennent compliquer davantage la situation. Un autre élément de frustration pour les Algériens réside dans le déménagement du site de sacrifice de Lyon à Saint-Étienne, une ville située à environ 100 kilomètres de Lyon. Auparavant, les sacrifices se faisaient localement à Lyon, mais avec le transfert du site à Saint-Étienne, les Algériens doivent désormais assumer des coûts supplémentaires, à la fois pour le transport de l’animal et pour le sacrifice en lui-même.
Une inflation qui déstabilise les Algériens de France
Les prix des moutons ont littéralement explosé ces dernières années. Selon plusieurs commerçants et membres de la communauté algérienne, le coût d’une seule bête peut désormais atteindre des sommets impressionnants. À Lyon, certains moutons sont vendus jusqu’à 700 euros, un montant bien au-delà des moyens de nombreuses familles.
En raison de cette hausse inédite, beaucoup d’Algériens ont décidé de renoncer à l’achat d’une bête pour l’Aïd cette année. Une décision difficile, mais inévitable, dans un contexte de crise économique marquée par l’inflation et des conditions financières difficiles.
Certains commerçants, selon une interview accordée à Chorouk, Hussein Mahdi, un boucher de Lyon, expliquent que les prix ont doublé au fil des années. Le kilogramme de viande d’agneau, qui se vendait entre 16 et 17 euros, dépasse désormais les 22 euros. Cette hausse des prix a conduit certains commerçants à suspendre leurs activités liées à l’Aïd, car ils ne trouvent pas de clients prêts à payer ces prix. Hussein Mahdi raconte qu’il avait l’habitude de vendre jusqu’à 300 moutons chaque année pour l’Aïd, mais face à la hausse des prix et aux difficultés économiques, il a décidé de ne pas organiser cette vente cette année.
Cette décision reflète la réalité difficile à laquelle de nombreux commerçants sont confrontés : maintenir une activité tout en s’adaptant aux contraintes économiques actuelles.

L’envoi de l’argent en Algérie comme solution de solidarité
Face à cette crise, beaucoup d’Algériens de France ont recours à une solution alternative : l’envoi d’argent en Algérie. Au lieu d’acheter un mouton en France, ils envoient de l’argent à leurs proches pour qu’ils puissent acheter un mouton localement. Cette pratique, bien que courante dans la diaspora, devient essentielle cette année pour de nombreuses familles. En effet, le coût d’un mouton en Algérie reste relativement plus abordable, ce qui permet à certains membres de la communauté de respecter la tradition sans se ruiner.
Pour certains, cela ne se limite pas simplement à un geste économique, mais aussi à un acte de solidarité envers ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter un mouton. Cela permet de continuer à offrir un sacrifice dans le cadre des rites de l’Aïd tout en prenant en compte la réalité financière difficile que traversent les familles en France.
Cette crise des prix des moutons n’est pas un phénomène isolé, mais plutôt le reflet de problèmes économiques plus larges qui affectent les Algériens de France. L’inflation, la stagnation des salaires et la hausse du coût de la vie rendent de plus en plus difficile le maintien de certaines pratiques culturelles et religieuses. Ce phénomène n’est pas limité à la France, mais il touche également d’autres pays d’Europe où les communautés musulmanes sont présentes.