L’allocation de voyage en Algérie, récemment revalorisée à 750 euros qui devait soulager de nombreux voyageurs qui ont prévu de voyager en cette période, suscite de l’inquiétude parmi certains Algériens quant à sa mise en œuvre. Quels sont les enjeux derrière cette réforme ?
Depuis plusieurs mois, la question de l’allocation de voyage en Algérie est un sujet récurrent au sein de la commission des finances de l’Assemblée populaire nationale. En effet, le gouvernement algérien a décidé de relever le montant de l’allocation touristique, un changement qui était particulièrement attendu par les voyageurs. Décision prise en 2023, cette mesure devient enfin effective, mais plusieurs zones d’ombres demeurent encore sur son application et ses effets.
Une augmentation significative pour les voyageurs algériens
L’une des plus significatives évolutions apportées par cette réforme est la hausse significative de l’allocation touristique qui passe donc de 15.000 DA soit environ 100 euros à 750 euros. Une évolution qui a été décidée après plusieurs consultations et à la demande du président de la République, Abdelmadjid Tebboune au cours de laquelle il a estimé que le montant ne correspondait plus aux besoins des Algériens voyageant à l’étranger pour le tourisme, les études ou les soins médicaux.
Cette mesure a été conçue pour soutenir le pouvoir d’achat et faciliter l’accès des citoyens aux devises étrangères, et ce, dans un cadre légal. Ce qui, en effet s’inscrit dans un projet plus ambitieux visant à mieux contrôler les flux financiers et à limiter le recours au marché noir des devises.
Pour rappel, le président Tebboune avait ordonné, lors d’un conseil des ministres début décembre dernier, d’augmenter la subvention touristique à 750 euros par an pour les voyageurs adultes et 300 euros pour les voyageurs mineurs, tout en augmentant la subvention du Hajj à 1 000 dollars.
Mise en œuvre de l’allocation de voyage en Algérie à cette date
La mise en œuvre de l’allocation touristique devait d’abord entrer en vigueur fin 2024. Le quotidien arabophone « Echourouk » rapporte qu’une nouvelle déclaration a été faite par le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, le jeudi 20 février dernier lors d’une séance parlementaire, précisant que la réforme serait appliquée à la fin du mois de Ramadan ou juste après l’Aïd el-Fitr, soit au plus tard fin mars ou début avril 2025, et comme certains le disent « C’est un espoir, une attente », notamment par les voyageurs pressés de bénéficier de cette aide.
M. Arabawi a fait savoir, dans une déclaration à « Echorouk » que « En tant que président de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale, je salue l’annonce faite par le ministre des Finances lors de sa présentation du projet de règlement budgétaire pour l’année 2022, concernant l’entrée en vigueur de l’allocation touristique après l’Aïd al-Fitr au plus tard, après qu’elle a été proposée par les membres de la commission lors de la discussion ».
Le président de la Commission des finances et du budget a également indiqué que « cette annonce s’inscrit dans le cadre des efforts de l’État pour renforcer la transparence financière et réduire l’écart entre les taux de change officiel et parallèle, conformément à l’initiation par les autorités de la création de bureaux de change qui ont été effectivement installés dans les aéroports et ports algériens, y compris l’attribution d’annexe à la Banque d’Algérie à l’aéroport international d’Alger, pour permettre aux voyageurs de bénéficier du service de change de la subvention touristique. »
Un processus réglementé
Le processus qui s’applique pour bénéficier de l’allocation de 750 euros a été bien précisé par les pouvoirs publics. Selon le député Zoheir Nasri, les voyageurs vont devoir se rendre à une succursale de la Banque d’Algérie, avec en mains plusieurs documents, à savoir leur passeport, un billet d’avion, une attestation d’assurance voyage et la somme en dinars du montant qu’ils doivent recevoir. Après vérification des documents, un récépissé leur sera remis, qu’ils devront présenter au moment de leur départ, à l’aéroport ou au port, où ils récupéreront leur allocation en euros.
Pour garantir une distribution fluide et efficace de cette aide, plusieurs bureaux de change ont été installés dans les principaux points de départ du pays, tels que les aéroports et les ports. Cette initiative cherche à éviter que les voyageurs se tournent vers le marché noir pour obtenir leurs devises. L’État espère que cela leur permettra parfois de mieux contrôler les transactions et de conserver un minimum de transparence.
Le président de la commission des finances estime que cette démarche reflète l’engagement du gouvernement à développer le système financier selon une vision équilibrée qui répond aux aspirations des citoyens et prend en compte en même temps la stabilité des finances publiques, car elle devrait contribuer à améliorer le pouvoir d’achat des voyageurs, à réduire la dépendance au marché parallèle et à renforcer le rôle des institutions financières officielles, en plus de soutenir le secteur bancaire en augmentant les flux officiels de devises fortes, ce qui renforce l’image de l’Algérie en tant que pays qui s’appuie sur des politiques financières modernes et flexibles.
Une mesure qui ne concerne pas que les voyageurs aériens
En effet, la subvention n’est pas réservée uniquement aux voyageurs aériens, les voyageurs terrestres souvent oubliés seront également éligibles à cette allocation. Cette précision donnée par des responsables gouvernementaux a ravi de nombreux citoyens, en premier lieu ceux vivant aux limites des frontières. Cette mesure vise à garantir une égalité du traitement entre tous les citoyens quel que soit le mode de transport pour quitter le pays.
Les bureaux de change : un maillon essentiel du dispositif
Un aspect important de cette réforme concerne les bureaux de change. La Banque d’Algérie a décidé d’installer des bureaux dans les aéroports, ainsi que dans les ports du pays, afin de faciliter l’accès à la devise étrangère pour les voyageurs. Les autorités ont d’ailleurs précisé qu’ils continueraient à développer ces installations dans d’autres infrastructures de transport, pour éviter toute rupture de service et permettre à tous les voyageurs de bénéficier de cette allocation sans difficulté.
Le déploiement de ces bureaux de change vise à offrir une alternative plus sécurisée que le marché parallèle. Ces initiatives visent à favoriser une meilleure régulation du marché des devises et à réduire les risques de fraude et de spéculation qui règnent parfois sur les marchés informels. Il est à noter que ce projet s’inscrit dans une démarche globale de la part de l’État pour moderniser le système financier et faciliter l’accès aux devises tout en préservant les intérêts économiques du pays.
Cette initiative est perçue comme un pas important pour les autorités algériennes dans la modernisation de leur gestion des devises. En plus de faciliter l’accès aux devises pour les citoyens voyageant à l’étranger, cette réforme pourrait contribuer à renforcer l’économie formelle et réduire la dépendance au marché parallèle des devises, un secteur qui échappe à toute régulation.
Par ailleurs, les députés ont également salué la nouvelle mesure relative à l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros. Un dispositif considéré comme en faveur d’une classe moyenne, qui constitue une part significative de la population algérienne. Les députés insistent sur la nécessité de continuer les réformes pour assurer la stabilité financière à long terme, et le gouvernement apparaît désireux également de maintenir cette dynamique en poursuivant les réformes économiques à travers des mesures pour garantir la transparence financière et de garantir un meilleur équilibre entre les besoins des concitoyens et la stabilité des finances publiques.