De nombreux voyageurs algériens se plaignent de la cherté des billets d’avion vers l’Algérie, principalement les billets de la compagnie aérienne nationale, Air Algérie. Considéré comme les plus onéreux comparés aux prix des billets pour des trajets similaires assurés par d’autres compagnies, ils suscitent incompréhension et colère.
Bien que cette situation ne soit pas nouvelle, les prix des billets d’avion vers l’Algérie ont connu une hausse vertigineuse depuis la crise sanitaire en 2019. Bon nombre de voyageurs, dont les membres de la diaspora algérienne qui est essentiellement concentrée en France, s’interrogent sur cette augmentation continue et sur les facteurs influents, alors qu’il en est tout autre chez les voisins marocains et tunisiens.
Transavia est l’une des principales compagnies aériennes qui assurent des vols réguliers entre l’Algérie et la France. Le potentiel du marché algérien lui a permis de booster son développement et d’acquérir des parts de marché. Une première agence commerciale physique de la compagnie aérienne Transavia a d’ailleurs été inaugurée en avril dernier, ainsi que le lancement de quatre nouvelles lignes entre la France et l’Algérie, notamment, la ligne Nice-Alger, Toulouse-Alger, Toulouse-Oran et Marseille-Alger. La compagnie française a déclaré assurer 21 lignes entre la France et l’Algérie, dépassant ainsi Air France.
Les explications de la compagnie aérienne Transavia
Nicolas Hénin, directeur général adjoint de Transavia, en charge du commercial, a affirmé lors de son entretien avec le quotidien Jeune Afrique, que les ventes des billets sur la ligne France-Algérie « augmentent mois après mois, tout comme ses parts de marché ». Il affirme que « les avions se remplissent rapidement » et ce, malgré les prix élevés des billets. Selon le même responsable, le marché algérien se distingue par « son caractère presque uniquement VFR (Visiting Friends and Relatives) et communautaire » donnant sur des « pics de trafics qui sont très importants en début d’année, lors des vacances scolaires et pendant l’été ».
Ainsi, les prix des billets varient en fonction de la demande, et les tarifs augmentent systématiquement, comme pour les autres compagnies aériennes durant les périodes de pics (été et vacances scolaires). Des périodes où « la demande est quasiment infinie, face à une offre limitée » favorisant ainsi l’augmentation des prix des billets, conformément au principe de l’offre et de la demande, indique Nicolas Hénin.
Le directeur général adjoint a fait savoir que les prix de la compagnie Transavia sont cohérents hors période à forte demande. Durant cette période d’hors saison pour des liaisons similaires, la compagnie lance parfois des offres exceptionnelles. Hénin a souligné que durant la semaine du 6 au 11 octobre, les prix du billet pour un vol aller simple Marseille-Alger était de 39 euros, et de 49 euros pour « les nouvelles routes ».
Absence de concurrence sur le marché aérien
Cette situation place la relation de la loi de l’offre et de la demande hors équilibre partiel. Lorsque le marché de bien ou de service atteint un équilibre par un processus d’ajustement progressif, cela signifie que la demande et l’offre sont en parfaite adéquation, c’est la « théorie de l’équilibre partiel ». De ce fait, l’équilibre économique ne peut être réalisé que dans un cadre de concurrence idéal pour atteindre un équilibre général.
Comparativement aux marchés aériens dans le monde, l’Algérie fait partie des pays où le marché aérien ne connait pas de concurrence. Les conditions pour une concurrence idéale sont presque infimes, ce qui explique la hausse des prix. En effet, la compagnie aérienne nationale, Air Algérie, avec sa position dominante, contrôle le marché et a quasiment le monopole sur les liaisons depuis et vers l’Algérie, malgré la présence d’autres compagnies aériennes, comme Air France, Transavia, ASL Airlines et Vueling.
À titre d’exemple, les prix des billets par des compagnies low cost au Maroc ou en Tunisie, sont souvent proposés à partir de 50 euros aller-retour. Le prix du billet pour un Paris-Alger aller-retour peut être proposé, selon la période par Air Algérie, entre 300 et 800 euros. Cette différence de prix s’explique par l’ouverture de l’espace aérien marocain et tunisien à la concurrence, où les compagnies low cost ne manquent pas de saisir l’opportunité, offrant ainsi des prix de billet concurrentiels. À ce facteur qui n’est pas des moindres, se rajoute d’autres factures. En effet, d’importants coûts d’exploitation se répercutent sur le prix final des billets dont le prix du carburant, les taxes aéroportuaires, les frais de maintenance et la masse salariale.
Nouvelle hausse des prix des billets d’avion vers l’Algérie en 2025
Un nouveau texte prévoit, dans le projet de loi de finance de 2025, l’application d’une nouvelle taxe à payer à l’agence nationale de l’aviation civile (ANAC). Cette redevance sera payée par les voyageurs à destination ou en provenance des aéroports algériens ainsi que les voyageurs à destination d’un aéroport international et étranger. L’article 207 du PLF 2025 indique que « il est institué, au profit de l’agence nationale de l’aviation civil, une redevance pour la protection des droits des passagers et les services rendus aux passagers ».
L’instauration de cette nouvelle taxe aura un impact direct sur les prix des billets qui sont déjà excessivement chers. Le texte du projet de loi de finance pour l’exercice 2025 précise que la redevance pour les passagers voyageant vers un aéroport algérien (Alger, Constantine, Bejaïa, Annaba, Oran, Tlemcen, Hassi Messaoud, Ghardaïa, Ain Amenas, Tamanrasset et Djanet) est fixée à 100 DA, sauf pour les départs des autres aéroports où elle est de 75 DA.
Pour les voyageurs à destination de l’étranger, la taxe à payer est de 400 DA au départ de l’aéroport d’Alger Houari Boumediene. Concernant les départs de Constantine, Bejaia, Annaba, Sétif, Chlef, Oran, Tlemcen, Hassi Messaoud, Ain Amenas, Tamanrasset, Ghardaïa et Djanet la taxe est de 300 DA. Pour les départs des autres aéroports algériens vers l’étranger, les voyageurs devront payer une taxe de 200 DA. La collecte de cette taxe sera effectuée par les compagnies aériennes nationales et étrangères, ainsi que par tous les exploitants d’aéronefs. Chaque compagnie est tenue de percevoir le montant auprès des passagers avant de l’inverser à l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) chaque fin de mois.
La décision du Gouvernement algérien d’instaurer cette nouvelle taxe a pour objectif de permettre à l’ANAC de se doter des moyens nécessaires pour assurer pleinement son rôle en matière de sécurité, de surveillance et de contrôle du secteur aérien dans le pays. Par ailleurs, l’application de cette nouvelle taxe va se répercuter sur les prix des billets d’avions que les voyageurs devront supporter à partir de janvier 2025, date d’entrée en vigueur de la loi de finance 2025.
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