Le sujet de l’argent liquide en France et de l’arrivée de l’euro numérique suscite beaucoup d’interrogations et d’incompréhensions. Si certains imaginent une disparition rapide des billets et pièces, la réalité du projet européen semble bien plus nuancée. Alors, l’euro digital, c’est pour bientôt ou pas ? Décryptage du vrai et du faux.
Avant de se lancer dans le détail de ce projet, il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas de remplacer complètement l’argent liquide en France. L’idée d’une monnaie numérique européenne est bien réelle, mais son introduction ne signifiera pas la fin des billets et des pièces. À l’heure actuelle, les autorités de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque de France précisent que le paiement numérique serait complémentaire et non substitutif aux moyens traditionnels.
L’euro numérique est d’abord un projet de monnaie numérique de banque centrale (CBDC pour Central Bank Digital Currency). Ce projet, piloté par la BCE, a pour but d’offrir un moyen de paiement numérique accessible à tous, tout en conservant une certaine sécurité et confidentialité. Cependant, de nombreuses rumeurs circulent sur ce sujet sur les réseaux sociaux, souvent alimentées par une interprétation erronée de l’évolution des projets monétaires en Europe. Certains redoutent même la disparition complète de l’argent liquide, ce qui n’est en aucun cas l’intention des autorités monétaires.
Le faux discours sur la disparition de l’argent liquide en France
La question de l’avenir de l’argent liquide en France fait débat. Certaines rumeurs circulent sur une potentielle disparition des billets et des pièces au profit d’un système totalement dématérialisé. C’est un argument que l’on entend fréquemment dans les discussions autour de l’euro dématérialisé, mais il s’agit d’une idée fausse. La BCE a clarifié ce point à plusieurs reprises : « l’euro numérique n’est pas destiné à remplacer l’argent physique. Il s’agira d’un moyen de paiement électronique supplémentaire », souligne la BCE sur son site web, une alternative au paiement par carte ou via des applications de mobile banking.
Bien sûr, à l’échelle européenne, le recours à l’argent liquide a diminué au fil des années, notamment avec l’essor des paiements numériques, mais aucune mesure législative n’est en place pour interdire l’utilisation de l’argent liquide. En fait, l’euro numérique serait conçu pour coexister avec les méthodes de paiement traditionnelles. L’objectif est d’offrir un moyen de paiement sûr et facilement accessible, notamment dans un contexte où de plus en plus de transactions se font de manière électronique.
Le fait est que la Banque centrale européenne (BCE), bien qu’elle travaille activement sur le projet, n’a pas donné de date ferme pour le lancement de l’euro dématérialisé. La phase de préparation se termine en octobre 2025, mais ce n’est qu’à ce moment-là que la BCE décidera si le projet doit aller de l’avant, après une analyse approfondie de la législation nécessaire. Les autorités monétaires soulignent que l’introduction de cette monnaie nécessiterait plusieurs années de préparation et de test.
« Cette phase de préparation se termine en octobre, mais la décision de l’émettre ne sera envisagée qu’une fois la législation nécessaire adoptée », a précisé le 13 mars dernier la BCE sur son compte X (anciennement Twitter).
Une fausse urgence autour de l’euro numérique
Un autre point souvent mal compris réside dans les échéances annoncées. Certains pensent que l’euro digital serait disponible dès octobre 2025. Là encore, il s’agit d’une confusion. Bien que la fin de la phase de préparation soit prévue pour cette date, la BCE n’a pas l’intention de lancer immédiatement l’euro dématérialisé à cette période. La discussion se poursuit, et une décision finale dépendra de nombreux facteurs, y compris la mise en place d’une législation adaptée pour encadrer l’utilisation de cette nouvelle monnaie numérique.
Le projet de l’euro numérique semble donc encore à un stade préliminaire. Pour l’instant, rien ne permet d’affirmer que la BCE prendra une décision définitive en 2025. En effet, selon Alexandre Stervinou, directeur des études et de la surveillance des paiements de la Banque de France, la mise en circulation d’un euro digitalpourrait prendre encore plusieurs années, à mesure que des tests et des évaluations approfondis sont effectués.
L’euro numérique sera un complément et non pas un remplacement

Pour mieux comprendre ce projet, il est essentiel de saisir le rôle que pourrait jouer l’euro dématérialisé dans l’économie européenne. En réalité, l’euro digital ne remplacera pas l’argent liquide en France, ni dans aucun autre pays de la zone euro. Il s’agira plutôt d’un moyen de paiement alternatif, tout comme les cartes bancaires ou les paiements via des applications mobiles. L’objectif n’est pas d’éliminer les espèces, mais d’offrir une nouvelle forme de paiement pour ceux qui préfèrent ne pas utiliser d’autres moyens électroniques.
L’idée est d’offrir aux citoyens un moyen de paiement numérique sécurisé, en réponse à l’évolution des habitudes de consommation et des technologies de paiement. Le passage aux paiements numériques s’est déjà accéléré avec l’essor des smartphones et des applications de paiement en ligne. Cependant, certains secteurs et certains consommateurs continuent de privilégier l’argent liquide, notamment pour des raisons de confidentialité et de sécurité.
La transition numérique vers une évolution naturelle du système monétaire
L’arrivée de l’euro digital s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation numérique des systèmes financiers. L’Europe, à travers la BCE, veut anticiper cette évolution et offrir un moyen de paiement stable et fiable, tout en limitant la domination croissante des cryptomonnaies privées. L’enjeu est de conserver la souveraineté monétaire de l’Union européenne, tout en répondant aux attentes des citoyens en matière de sécurité et d’innovation.
Les discussions autour de l’euro dématérialisé reflètent une volonté de moderniser les infrastructures financières de la zone euro, mais il reste encore beaucoup de questions à résoudre avant de voir ce projet se concrétiser. Par exemple, comment garantir la confidentialité des transactions tout en assurant la traçabilité nécessaire pour éviter la fraude et le blanchiment d’argent ? Ces questions, parmi d’autres, sont au cœur des réflexions en cours.
Dans tous les cas, l’introduction de l’euro numérique est loin de signifier la disparition de l’argent liquide en France. Les billets et les pièces continueront d’exister, mais leur usage pourrait être amené à évoluer en parallèle du développement des nouvelles technologies de paiement.