Les exportations de GNL algérien vers la France ont plongé à des niveaux historiquement bas en janvier 2025, marquant un recul de 73,7 %. Cette baisse inédite met en lumière les défis structurels du secteur gazier algérien face à une concurrence mondiale accrue et une demande européenne en pleine mutation.
Janvier 2025 a marqué un tournant difficile pour le secteur gazier algérien, avec une chute des exportations de GNL gaz naturel liquéfié vers la France, l’un de ses principaux clients. Ce recul de 73,7 % sur un mois, pour atteindre seulement 0,098 million de tonnes, s’inscrit dans une tendance plus large de déclin des exportations énergétiques algériennes.
La situation résulte de plusieurs facteurs, concurrence de nouveaux acteurs mondiaux comme les États-Unis et le Qatar, baisse de la demande en Europe, et limitations techniques liées aux infrastructures vieillissantes en Algérie. Ce contexte difficile interroge sur l’avenir des relations commerciales entre l’Algérie et ses partenaires européens, ainsi que sur la stratégie énergétique à adopter pour rester compétitif dans un marché mondial en pleine évolution.
Une chute des exportations de GNL algérien vers la France
Selon les données publiées par la Unité de Recherche sur l’Énergie, l’Algérie n’a expédié que 0,098 million de tonnes de GNL vers la France, contre 0,373 million de tonnes le mois précédent.
Cette diminution spectaculaire place la France en quatrième position parmi les importateurs de GNL algérien en janvier 2025, derrière la Turquie (0,185 million de tonnes), la Croatie (0,076 million de tonnes) et l’Italie (0,029 million de tonnes). Fait notable, l’Espagne, autrefois un client important, est totalement absente des exportations de GNL algérien pour le deuxième mois consécutif.
En comparaison avec janvier 2024, où la France avait importé 0,374 million de tonnes, la baisse dépasse 73 %, confirmant une réorientation profonde des dynamiques commerciales du gaz algérien.
Quantités importées de GNL algérien par pays en 2024 (en millions de tonnes)
Pays | Millions de tonnes | Pays | Millions de tonnes |
---|---|---|---|
Turquie | 4.05 | Pays-Bas | 0.15 |
France | 3.26 | Grèce | 0.09 |
Espagne | 1.66 | Bangladesh | 0.08 |
Italie | 1.39 | Japon | 0.07 |
Royaume-Uni | 0.39 | Argentine | 0.06 |
Croatie | 0.31 | Chine | 0.05 |
Non identifié | 0.03 |
Ce tableau présente les quantités de gaz naturel liquéfié (GNL) exportées par l’Algérie vers ses principaux partenaires en 2024.
Contexte et raisons de la baisse des exportations de GNL algérien
1. Diminution de la demande européenne
La baisse des importations françaises s’inscrit dans un contexte plus large de repli de la demande européenne de GNL. Plusieurs facteurs expliquent ce recul :
- La baisse des besoins énergétiques en hiver, en raison de températures plus douces que prévues.
- La diversification des sources d’approvisionnement énergétique par la France, notamment via des importations de GNL américain et qatari, qui concurrencent directement l’Algérie sur le marché européen.
2. Contraintes techniques et productives en Algérie
Les capacités d’exportation de GNL algérien ont également été limitées par des opérations de maintenance sur les installations de liquéfaction situées à Arzew, un site clé de la production nationale. Ces travaux ont réduit la disponibilité du GNL destiné à l’exportation.
3. Réorientation vers le transport par pipeline
L’Algérie privilégie de plus en plus le transport de gaz naturel via pipelines, une solution jugée plus rentable pour approvisionner les marchés européens. En 2024, l’Algérie a ainsi exporté 30,75 milliards de mètres cubes de gaz par pipelines, dépassant pour la première fois la Russie (30 milliards de mètres cubes), grâce à des accords stratégiques avec l’Union européenne.
Impact économique et implications pour le marché algérien
La chute des exportations de GNL représente un défi majeur pour l’économie algérienne, qui repose fortement sur les revenus des hydrocarbures. En 2024, les exportations totales de GNL ont reculé de 14 %, atteignant 11,62 millions de tonnes, après avoir atteint un sommet de 13,45 millions de tonnes en 2023.
Cette baisse est particulièrement préoccupante, car elle affecte directement les recettes en devises du pays, à un moment où l’Algérie cherche à financer d’importants projets de diversification économique.
Malgré les difficultés actuelles, l’Algérie dispose d’atouts importants pour consolider sa position sur le marché européen. L’expiration, fin 2024, de l’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine pourrait permettre à l’Algérie de renforcer son rôle de fournisseur clé pour l’Union européenne, notamment par des livraisons via pipelines.
Cependant, pour rester compétitive sur le marché mondial du GNL, l’Algérie devra :
- Investir dans ses infrastructures de liquéfaction, afin d’augmenter la capacité de production et de réduire les interruptions liées à la maintenance.
- Diversifier ses partenariats commerciaux, en explorant de nouveaux marchés en Asie et en Amérique latine, où la demande en GNL continue de croître.
- Adopter une stratégie concurrentielle, en proposant des prix compétitifs face aux principaux acteurs mondiaux comme le Qatar, les États-Unis et l’Australie.
La baisse des exportations de GNL algérien vers la France et d’autres pays européens en janvier 2025 marque une période d’ajustement pour le secteur gazier algérien. Ce recul pourrait néanmoins s’avérer être une opportunité pour réévaluer les priorités stratégiques du pays et s’adapter à l’évolution rapide du marché énergétique mondial.
Avec des réserves importantes et une position géographique stratégique, l’Algérie a le potentiel de jouer un rôle encore plus central dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe, à condition de moderniser ses infrastructures gazières et de diversifier ses débouchés.