Face aux dangers des réseaux sociaux, l’Algérie renforce sa riposte. Une stratégie multisectorielle cible l’exposition des jeunes aux contenus indésirables et nuisibles, au cyberharcèlement et aux dérives numériques. Cette prise de position vise à sensibiliser, encadrer et protéger, tout en instaurant une culture de cyberprécaution durable au sein des familles et des institutions.
Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux ont profondément changé les habitudes des jeunes Algériens. En effet, si leur potentiel de connectivité est indéniable, ces plateformes sont aussi le théâtre de pratiques problématiques comme le harcèlement, des défis dangereux et des contenus inappropriés. Le gouvernement algérien a donc décidé de prendre le sujet à bras-le-corps, en lançant une série de mesures concrètes.
En parallèle, une vigilance accrue s’installe dans les foyers. Les parents s’inquiètent de plus en plus de ce que leurs enfants peuvent rencontrer en ligne, à l’instar du récent défi lancé sur TikTok nommé « Paracétamol Challenge », qui a touché plusieurs écoles algériennes. Cette prise de conscience collective pousse les institutions à repenser leurs modes d’action pour sécuriser la présence numérique des plus jeunes.
Une stratégie nationale face aux dangers des réseaux sociaux
La problématique des dangers des réseaux sociaux est désormais inscrite à l’agenda national. Le ministère de la Poste et des Télécommunications a récemment annoncé un plan d’action détaillé, centré sur la lutte contre les plateformes numériques indésirables. Ce plan vise particulièrement les contenus liés à la diffamation, au chantage, à la manipulation ou encore à la cyberintimidation.
Parmi les premières étapes, une vaste campagne de sensibilisation a été menée, touchant près d’un million de jeunes à travers des cellules d’écoute implantées dans tout le pays. Ces initiatives s’appuient sur des professionnels de santé mentale, des éducateurs, mais aussi sur des personnalités religieuses, mobilisées pour alerter contre ces comportements en ligne jugés toxiques.
Protéger les enfants et adolescents : Un enjeu central
La protection de l’enfance sur Internet est l’un des piliers de cette stratégie. En effet, le gouvernement a mis en place une campagne nationale de prévention autour des risques liés à l’utilisation des outils numériques, en ciblant les écoles, les centres culturels et les familles.
Un guide pratique pour les parents et les éducateurs a été largement diffusé. Il détaille les méthodes pour repérer les signes de détresse numérique, sécuriser les appareils et instaurer un dialogue constant avec les jeunes. À cela s’ajoute le lancement d’une plateforme numérique dédiée à la sécurité des enfants en ligne.
Les opérateurs téléphoniques, dont Mobilis, Djezzy et Ooredoo, ont également introduit un système de contrôle parental intégré, permettant ainsi de filtrer les contenus inadaptés selon l’âge et de restreindre l’accès à certaines applications sociales ou de streaming.
Soutien psychologique et dispositifs d’écoute pour la jeunesse
La réponse ne peut pas être uniquement technologique. L’Algérie renforce aussi son réseau de cellules d’écoute psychologique pour les jeunes, qui comptent aujourd’hui plus de 550 points d’accès répartis sur l’ensemble du territoire national. Ces espaces sont présents dans les maisons de jeunes, les centres de loisirs scientifiques, les établissements culturels et même dans certaines structures sportives.
Ces cellules regroupent des psychologues, des éducateurs spécialisés et des professionnels de la santé mentale. Leur mission est d’intervenir en amont pour détecter les comportements à risque, mais aussi pour accompagner les jeunes déjà impactés par une exposition nocive aux contenus numériques.
Le ministère de la Jeunesse mise aussi sur les ateliers éducatifs, les caravanes de sensibilisation et les consultations individuelles pour approfondir cette démarche. Une logique de proximité qui, selon les autorités, a permis d’accompagner près d’un million de jeunes en une année.
Encadrement renforcé des plateformes numériques et des jeux en ligne
L’autre volet de la stratégie touche aux jeux en ligne et aux applications mobiles, devenus des vecteurs d’addiction ou de pratiques à risque. Une attention particulière est portée aux défis viraux circulant sur TikTok ou Instagram, parfois mortels, comme l’ont illustré certaines affaires récentes dans les établissements scolaires, comme le « Paracétamol Challenge » qui a ébranlé les familles algériennes, mais aussi tout le secteur éducatif et de la santé, notamment le secteur pharmaceutique.
Les autorités encouragent la coopération entre les différents secteurs de l’éducation, de la justice, de la télécommunication et de la santé pour renforcer la régulation des contenus en ligne et responsabiliser les plateformes. En parallèle, les pharmacies sont invitées à limiter la vente de certains produits à risques aux mineurs, comme le paracétamol, en lien avec la prolifération de challenges dangereux.
Alors que le numérique ne cesse d’évoluer, l’approche adoptée par l’Algérie mise principalement sur la prévention, la pédagogie et le soutien humain, pour contenir les effets pervers d’une digitalisation rapide. Une bataille culturelle autant que technique, dont l’issue dépend également de l’implication quotidienne des familles et des institutions éducatives.