La nouvelle allocation touristique à 750 euros en Algérie, fait face à un blocage administratif sans précédent. Entre des banques privées de directives claires et des citoyens laissés dans l’incertitude, la situation profite surtout au marché noir, où les taux explosent.
L’Algérie traverse actuellement une situation de blocage administratif inédit autour de la mise en application de la nouvelle allocation touristique à 750 euros. Annoncé en décembre 2024 comme un nouveau dispositif pour améliorer l’accès aux devises, ce montant est censé remplacer l’ancienne allocation jugée insuffisante. Pourtant, au 20 janvier 2025, aucune banque n’est en mesure de fournir ce montant, faute de directives officielles claires.
Entre les banques qui peinent à agir faute de directives claires, et les citoyens qui ne savent pas s’ils peuvent prétendre à ce montant, la confusion règne. Cette absence de mise en œuvre impacte non seulement les voyageurs, mais aussi l’économie en général, laissant le champ libre au marché noir où les taux explosent. Entre incompréhensions, retards et mécontentements, faisons le point sur une situation qui inquiète de plus en plus.
La nouvelle allocation touristique à 750 euros en Algérie toujours bloquée
Annoncée avec beaucoup d’espoir fin 2024, la nouvelle allocation touristique de 750 euros visait à moderniser et simplifier l’accès des Algériens aux devises. Ce montant représentait une amélioration significative par rapport à l’ancienne allocation de 15 000 dinars algériens (environ 100 euros), qui n’avait pas été révisée depuis plusieurs années. Cependant, malgré les annonces gouvernementales, aucun cadre pratique n’a été établi pour permettre la distribution de cette somme. Les banques, qui jouent un rôle central dans ce dispositif, sont totalement paralysées.
Les banques, dont la Banque Extérieure d’Algérie (BEA) et la Banque Nationale d’Algérie (BNA), déclarent être dans une position d’attente totale. Un cadre de la BEA explique : « Nous n’avons pas encore reçu les directives officielles nécessaires pour mettre en place ce dispositif. » Même son de cloche du côté de la BNA : « Tant que les instructions écrites ne nous parviennent pas, nous ne pouvons ni appliquer le nouveau montant ni poursuivre l’ancien système. » Cette attente administrative plonge les banques dans une impasse. Elles ne peuvent ni fournir le montant de 750 euros promis, ni continuer à délivrer l’ancienne allocation, ce qui paralyse totalement le système des changes officiels.
La situation autour de l’allocation touristique en Algérie semble varier d’une banque à l’autre, illustrant une désorganisation générale. Certains citoyens auraient signalé avoir reçu l’ancienne allocation de 15 000 dinars (environ 100 euros), tandis que d’autres se sont vu refuser toute demande, faute de directives claires. Cette disparité dans les pratiques renforce le sentiment de confusion et d’injustice chez les consommateurs.
Un employé bancaire aurait confié : « Nous n’avons toujours pas reçu d’instructions officielles pour appliquer la nouvelle allocation. Chaque agence tente de gérer la situation au mieux, mais cela provoque de l’incohérence. » Ces témoignages contradictoires montrent l’absence de coordination entre les institutions financières, créant un climat de méfiance parmi les citoyens. Certains préfèrent désormais éviter de se rendre aux banques, estimant qu’il est plus simple d’accéder aux devises via le marché parallèle, malgré des taux élevés
Les impacts sur les voyageurs : Frustration et incertitude
Pour les citoyens algériens, l’allocation touristique est souvent le seul moyen officiel d’obtenir des devises pour leurs déplacements à l’étranger. Avec le blocage actuel, de nombreux voyageurs se retrouvent dans une situation délicate. Les clients se rendent aux guichets pour obtenir des informations, mais les réponses sont vagues : « On nous dit d’attendre, mais on ne sait pas jusqu’à quand », explique un voyageur interrogé à Alger. les voyageurs ne savent pas s’ils ont droit à ce montant, ni à quel moment il sera disponible. À cela s’ajoute une communication insuffisante des autorités, qui n’a pas permis de clarifier la situation.
Certains reportent ou annulent leurs voyages, faute de devises suffisantes. D’autres, contraints de trouver des solutions alternatives, se tournent massivement vers le marché noir des devises, où les taux de change sont beaucoup plus élevés. Une habitante d’Oran, sur le point de se rendre en Espagne, témoigne : « J’avais compté sur cette allocation pour couvrir mes dépenses de base, mais maintenant, je dois payer au marché noir à des prix exorbitants. »
Marché noir des devises : Le grand bénéficiaire de la crise
L’un des effets immédiats de ce blocage administratif est le renforcement du marché parallèle des devises en Algérie. Privés de tout accès officiel aux euros et aux dollars, les voyageurs n’ont d’autre choix que de se tourner vers les cambistes opérant dans le marché noir des devises.
En conséquence, la demande explose sur ce marché informel, ce qui fait grimper les taux de change à des niveaux inquiétants. Par exemple, le taux de l’euro sur le marché noir des devises dépasse souvent les 240 dinars, tandis que le taux officiel reste fixé à environ 150 dinars. Cet écart important profite aux cambistes, mais pénalise lourdement les voyageurs, les commerçants et l’économie en général.
Les cambistes eux-mêmes témoignent de cette hausse d’activité. « La demande est énorme en ce moment. Avec la paralysie des banques, tout le monde vient nous voir », déclare un opérateur du marché informel à Alger. Par ailleurs, cette situation a un impact sur les petits commerçants qui dépendent des clients étrangers, notamment ceux installés dans les zones touristiques. Ils craignent que cette crise réduise les flux touristiques et affecte leur activité.
L’un des effets les plus préoccupants de ce blocage est l’intensification des activités sur le marché noir des devises. Les cambistes, situés notamment dans des lieux stratégiques comme la rue Port-Saïd à Alger, connaissent une hausse spectaculaire de la demande, ce qui fait exploser les taux de change.
Actuellement, Le taux de change de l’euro au marché noir dépasse 240 dinars (contre environ 150 dinars sur le marché officiel). Pour le dollar américain, les taux approchent 220 dinars, soit un écart massif par rapport au taux officiel fixé autour de 140 dinars.
Les cambistes eux-mêmes témoignent de cette hausse d’activité. « La demande est énorme en ce moment. Avec la paralysie des banques, tout le monde vient nous voir », Un cambiste à Bab Ezzouar explique : « On a plus de clients que jamais. Les gens n’ont pas le choix, et les taux montent chaque jour. ». Par ailleurs, cette situation a un impact sur les petits commerçants qui dépendent des clients étrangers, notamment ceux installés dans les zones touristiques. Ils craignent que cette crise réduise les flux touristiques et affecte leur activité.
Pourquoi ce retard ? Une gestion administrative pointée du doigt
La question qui se pose est simple : pourquoi cette situation perdure-t-elle ? Selon plusieurs experts, ce retard est dû à une absence de coordination administrative entre les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre de la nouvelle allocation touristique. Les banques, qui dépendent directement des directives de la Banque d’Algérie, affirment n’avoir reçu aucun document officiel leur permettant d’activer le nouveau dispositif.
Ce vide administratif laisse penser à une gestion inefficace du projet dès le départ. Certains observateurs critiquent le manque de transparence et de planification. Un économiste basé à Alger explique :« Ce n’est pas la première fois que des réformes sont annoncées sans une préparation adéquate. Il manque une vision claire et une volonté d’agir rapidement. » et de poursuivre « Ce genre de réforme nécessite une préparation minutieuse et une communication claire auprès de toutes les parties prenantes. Ce qui manque aujourd’hui, c’est une véritable feuille de route. »
La nouvelle allocation touristique à 750 euros en Algérie était censée être une avancée significative pour les citoyens, mais elle est aujourd’hui synonyme de frustration et de confusion. Le retard dans sa mise en œuvre a non seulement paralysé le système bancaire, mais aussi renforcé les disparités entre le marché officiel et le marché parallèle des devises.
Pour sortir de cette impasse, il est impératif que les autorités agissent rapidement en clarifiant la situation et en prenant des mesures concrètes pour relancer le dispositif. L’enjeu est de taille, il s’agit de rétablir la confiance des citoyens tout en freinant la montée du marché noir qui profite de cette crise. Les citoyens, les banques et les acteurs économiques attendent désormais des réponses claires et des actions concrètes.