En l’espace d’une semaine, le bitcoin a chuté de 9% plongeant les investisseurs dans l’incertitude. Cette baisse soudaine soulève des questions sur la stabilité du marché des cryptomonnaies et ses liens avec l’économie mondiale. Quels sont les facteurs à l’origine de cette chute et les conséquences pour l’avenir du BTC ?
Depuis quelques mois, le Bitcoin avait retrouvé des couleurs et inspirait à nouveau confiance. Mais en l’espace de quelques jours, la tendance s’est inversée brutalement. Le cours de la cryptomonnaie phare a perdu plus de 9 % depuis le 2 avril, suscitant de nombreuses interrogations sur sa solidité face aux chocs économiques et géopolitiques. L’événement marque un tournant, alors que les tensions commerciales et l’incertitude macroéconomique secouent déjà les marchés traditionnels.
Pour les investisseurs comme pour les observateurs du marché, cette chute remet en question l’image du Bitcoin comme valeur refuge. Cette notion, largement relayée au fil des ans, semble aujourd’hui bousculée par une réalité bien plus complexe. Les données confirment une corrélation croissante avec les marchés traditionnels (Nasdaq, S&P 500 et OR), rendant le Bitcoin vulnérable aux mêmes aléas que les actions ou les matières premières.
Bitcoin a chuté de 9% : un actif refuge en perte de repères
Jusqu’à récemment, nombreux étaient ceux qui voyaient dans le Bitcoin une alternative crédible à l’OR. Qualifié d’ « or numérique », l’actif repose sur une logique de rareté similaire, limitée à 21 millions d’unités. Ce caractère fini, associé à une gouvernance décentralisée, avait nourri l’idée d’un abri contre les crises économiques ou les politiques monétaires trop intrusives.
Mais depuis le début du mois d’avril, ce statut est sérieusement mis à l’épreuve. Le bitcoin a chuté de 9% sur une semaine, en réaction directe aux annonces économiques du président Donald Trump. Ce dernier a annoncé le 2 avril une série de droits de douane massifs sur une grande partie des importations vers les États-Unis. Le résultat ne s’est pas fait attendre, le lundi 7 avril au matin, le prix du bitcoin a enregistré une baisse de 10 % par rapport à la journée précédente. Cette chute notable a continué dans les jours suivants.
Avant l’annonce de Donald Trump concernant une suspension des droits de douane, le bitcoin était évalué à plus de 70 000 euros. Depuis le 2 avril, la valeur de la première crypto-monnaie a diminué de 9 %. Les lourds tarifs douaniers imposés par Trump ont provoqué une chute rapide du BTC, le faisant passer en dessous de 82 000 $.
Guerre commerciale, marchés traditionnels et corrélation renforcée
La dernière vague de tensions commerciales rappelle aux investisseurs que les cryptomonnaies ne sont pas à l’abri des perturbations globales. En réalité, elles y sont de plus en plus sensibles. La publication d’un rapport par Binance Research confirme une corrélation croissante du Bitcoin avec les grands indices boursiers comme le Nasdaq et le S&P 500. Autrefois perçu comme décorrélé, voire opposé aux dynamiques des marchés traditionnels, le Bitcoin semble désormais évoluer en parallèle de ces derniers.
Le rapport de Binance indique que « Les tarifs douaniers les plus agressifs depuis les années 1930 se répercutent à la fois sur la macroéconomie et sur les marchés des cryptomonnaies. À court terme, les cryptomonnaies pourraient rester volatiles, le sentiment fluctuant en réponse à l’évolution de la guerre commerciale. »
Cela s’explique en partie par l’évolution du profil des investisseurs, les institutionnels, plus présents que jamais, adoptent des comportements de gestion de risque similaires à ceux qu’ils appliquent sur les marchés des actions. Résultat, en cas de choc macroéconomique, comme celui provoqué par les nouveaux tarifs douaniers américains, les mouvements de vente s’accélèrent également dans le secteur crypto.
Une instabilité politique et économique persistante
Le retour au pouvoir de Donald Trump a profondément marqué les marchés. Avec une stratégie protectionniste assumée, notamment une hausse moyenne des droits d’importation américains à près de 19 % contre seulement 2,5 % en 2024, l’Administration américaine a déclenché une nouvelle phase d’instabilité mondiale.
La réaction du marché ne s’est pas fait attendre avec une onde de choc immédiate, la capitalisation globale des cryptomonnaies a chuté de près de 1 000 milliards de dollars depuis janvier, soit une perte de 25,9 %. Le sentiment général s’est rapidement retourné, partant d’une dynamique haussière alimentée par l’enthousiasme autour des ETF Bitcoin, on est passé à une prudence extrême face aux incertitudes géopolitiques. Un constat d’incertitude a été souligné par Binance Research : « Le sentiment du marché est devenu résolument prudent, les investisseurs réagissant aux annonces de tarifs douaniers avec une attitude classique d’aversion au risque. »
Les mineurs en première ligne face à la guerre commerciale
Au-delà des investisseurs, ce sont aussi les mineurs de Bitcoin qui subissent de plein fouet cette nouvelle donne économique. Les États-Unis dépendent encore fortement de la Chine pour l’importation de matériel de minage, notamment les puces ASIC, essentielles au fonctionnement du réseau.
Avec les nouvelles taxes qui peuvent ajouter jusqu’à 1 250 dollars par machine, les coûts d’exploitation explosent. Résultat : certaines petites fermes deviennent non rentables, et une vague de fermetures plane au-dessus de leurs têtes. Cela entraîne une centralisation du hashrate, une relocalisation potentielle de l’activité vers des zones plus favorables, et même une baisse de la sécurité du réseau, estimée jusqu’à 19 % dans les pires scénarios.
Cette situation affecte directement la stabilité du Bitcoin. En effet, une baisse du hashrate signifie une diminution de la difficulté de minage, ce qui peut provoquer une pression vendeuse de la part des mineurs cherchant à couvrir leurs frais. En somme, la sécurité même du réseau Bitcoin est en jeu, un facteur souvent négligé, mais essentiel à la confiance des investisseurs.
Un choc de confiance sur les ETF et les capitaux institutionnels
Autre effet de cette baisse. Les ETF Bitcoin, considérés comme un des moteurs de la dernière vague haussière, sont eux aussi impactés. En période de doute, les investisseurs institutionnels ont tendance à retirer leurs capitaux des produits à risque. Une perte de confiance dans le Bitcoin comme réserve de valeur pourrait entraîner une sortie nette des fonds, aggravant la baisse du prix.
Selon Binance, ce phénomène pourrait amplifier la volatilité à court terme, d’autant que la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FED) reste incertaine. Une baisse des taux pourrait offrir un soutien au Bitcoin, mais dans un climat d’instabilité généralisée, et les décisions de la Fed sont scrutées avec prudence.
Une adoption à long terme toujours d’actualité ?
Malgré cette correction, certains acteurs de l’écosystème estiment que cette période de turbulence pourrait paradoxalement renforcer l’attractivité du Bitcoin à long terme. Richard Teng, PDG de Binance, note que l’incertitude économique actuelle pousse certains investisseurs à reconsidérer les actifs numériques comme des alternatives aux monnaies étatiques.
Le Bitcoin conserve son caractère unique de réserve de valeur non souveraine, déconnectée des politiques monétaires nationales. Dans un monde où les institutions sont remises en cause et les équilibres géopolitiques perturbés, cette indépendance structurelle pourrait devenir un argument fort.
Selon le rapport de Binance, une possible reprise pourrait survenir si la situation sous-jacente s’améliore. En effet, d’après les données de Binance pour ce 11 avril 2025, à 13h39 (UTC) le Bitcoin a dépassé les 83 000 USDT qui s’est négocié à 83 010,890625 USDT, avec une hausse de 2,21 % sur les dernières 24 heures. Binance a également indiqué que « Si la situation macroéconomique se stabilise, si de nouveaux discours s’imposent ou si les cryptomonnaies réaffirment leur rôle de couverture à long terme, une nouvelle croissance pourrait s’ensuivre. D’ici là, les marchés devraient probablement rester dans une fourchette stable et réagir aux actualités macroéconomiques. »
Richard Teng, PDG de Binance, souligne que de nombreux détenteurs à long terme ne cèdent pas à la panique. Pour eux, la baisse actuelle n’est qu’un épisode dans un cycle plus large. La vision de ces investisseurs est fondée sur la résilience du protocole et sur une conviction : « Le Bitcoin représente, à terme, une option viable dans un monde en quête de souveraineté financière. »
En somme, la chute du bitcoin de 9% en une semaine est un signal fort, mais pas forcément un verdict définitif. Cette correction brutale s’inscrit dans un contexte où la cryptomonnaie est encore en phase de maturation, à la croisée des chemins entre statut spéculatif et reconnaissance institutionnelle. Le choc des droits de douane, la volatilité extrême et les incertitudes réglementaires ne feront que renforcer les débats sur la nature réelle du Bitcoin. Est-il un outil de spéculation, un actif de couverture, ou un pilier de l’économie future ? Pour l’instant, les marchés n’ont pas encore tranché.