Alors que le dollar canadien perd face à l’euro et d’autres devises majeures comme le yen ou le franc suisse, il réussit néanmoins à reprendre de la vigueur face au billet vert, impacté par les tensions commerciales initiées par la nouvelle administration américaine.
Le marché des devises n’a rien d’un long fleuve tranquille, et la performance du dollar canadien ces dernières semaines en est une nouvelle illustration. Entre pressions extérieures, réalités économiques internes et secousses géopolitiques, le huard évolue en terrain miné. Si certains analystes s’attendaient à une reprise plus solide, c’est un bilan en demi-teinte qui ressort : perte de vitesse marquée face à certaines monnaies européennes et asiatiques, mais rebond intéressant face au dollar américain.
Cette dynamique contrastée s’explique notamment par un ensemble de facteurs structurels et conjoncturels. D’un côté, des devises comme l’euro ou le franc suisse ont profité d’indicateurs économiques solides dans leur zone respective. De l’autre, les marchés nord-américains sont impactés par la politique commerciale de l’administration Trump, récemment réinstallée à la tête des États-Unis, ce qui a fragilisé le billet vert.
Le dollar canadien perd face à l’euro et au franc suisse
Sur le marché international, la devise canadienne a montré des signes d’essoufflement. Face à l’euro, le dollar canadien perd du terrain, avec une baisse notable qui s’inscrit dans une tendance globale affectant également sa position face à d’autres monnaies refuges. Ainsi, au cours du dernier mois, il a reculé de 5,2 % contre le franc suisse et de 2,5 % face au yen japonais. Ces chiffres témoignent d’un affaiblissement relatif du huard, en particulier dans un contexte où les investisseurs semblent se tourner vers des valeurs perçues comme plus stables.
Ce repli face à l’euro est d’autant plus significatif qu’il intervient dans un climat où la Banque centrale européenne maintient une politique monétaire prudente mais cohérente, rassurant ainsi les marchés. L’économie européenne, bien que toujours confrontée à des défis structurels, bénéficie d’une inflation mieux maîtrisée et de perspectives de croissance légèrement revues à la hausse. Autant de paramètres qui pèsent sur l’équilibre entre les devises.
Une reprise du huard face au dollar américain affaibli
À l’inverse, le dollar canadien gagne face au dollar US, avec une progression de 3,5 % sur la même période. Ce retournement s’explique en partie par les bouleversements provoqués par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. En lançant une série de mesures protectionnistes, l’administration américaine a déclenché une nouvelle guerre commerciale, ciblant des dizaines de pays par des droits de douane élevés. Résultat : l’indice du dollar américain a chuté de 8,5 points face aux autres grandes monnaies.
Cette instabilité a renforcé la position du dollar canadien dans les échanges bilatéraux avec les États-Unis, premier partenaire commercial du Canada. En réaction, les marchés ont ajusté leurs positions, favorisant momentanément la monnaie canadienne, perçue comme un refuge régional moins exposé aux tensions directes.
Taux de change et marchés financiers en surveillance
Les fluctuations du dollar canadien ne se résument pas à un simple bras de fer entre devises. Elles reflètent également l’évolution des marchés financiers mondiaux, de la politique monétaire de la Banque du Canada et de la perception des investisseurs sur la résilience économique du pays. Si la devise se montre résistante face au dollar US, cela ne garantit pas une trajectoire stable à long terme, notamment en raison de sa dépendance aux matières premières, dont le cours est soumis à de nombreuses incertitudes.
Les opérateurs surveillent aussi de près les prochaines annonces de politique monétaire au Canada, dans un climat économique marqué par des taux d’intérêt relativement stables, mais fragilisés par des signaux contradictoires sur l’inflation. Une hausse ou une baisse des taux pourrait avoir des effets immédiats sur la valeur du huard, surtout dans un contexte de volatilité accrue.
Tandis que les investisseurs réajustent leurs portefeuilles, le dollar canadien poursuit donc une trajectoire sinueuse, balloté entre des forces opposées. Une situation que suivent de très près les exportateurs, les importateurs et tous ceux qui, au quotidien, dépendent du moindre mouvement sur le marché des changes.