Le marché noir à Paris permet d’échanger des devises, ce qui revêt une importance cruciale pour les Algériens vivant en France. En raison de la non-convertibilité du dinar algérien, ce marché informel a pris de l’ampleur et s’est considérablement développé, offrant des taux de change bien plus intéressants.
Pour ceux qui souhaitent convertir des euros en dinars algériens, le taux du marché noir constitue un véritable défi, notamment en comparaison avec les tarifs proposés par les institutions financières officielles. Les variations des taux de change sur le marché noir à Paris sont directement influencées par les dynamiques économiques entre la France et l’Algérie.
Un phénomène marquant est la hausse de l’euro sur les marchés européens, notamment après la chute du dollar de 2 %, ce qui a contribué à rendre encore plus attractif l’échange sur le marché informel. Pour comprendre ce phénomène, il est crucial de prendre en compte les raisons qui poussent les Algériens à se tourner vers ces transactions non officielles.
Le marché noir à Paris : une solution pour les Algériens
Les Algériens installés à Paris, mais aussi dans d’autres grandes villes françaises, représentent une communauté de plus en plus nombreuse. Avec des milliers d’entre eux qui envoient régulièrement de l’argent en Algérie pour soutenir leurs familles, la demande pour le dinar algérien s’est intensifiée. Cependant, en raison des règles mises en place par la Banque d’Algérie quant à la convertibilité de la monnaie hors des frontières, beaucoup sont contraints d’aller sur le marché noir pour réaliser des transactions.
Les cambistes, ceux qui participent à ce marché, qui échappe à tout contrôle, en sont les acteurs essentiels. Ils se retrouvent dans des quartiers spécifiques, souvent discrets, où ils permettent aux Algériens de convertir leurs euros en dinars à des taux plus compétitifs que ceux des bureaux de change officiels. Pour de nombreux expatriés, l’intérêt de recourir à ce marché est évident, alors que le taux officiel propose seulement 14 660 dinars pour 100 euros, les cambistes offrent 25 600 DA à l’achat et à 25 800 DA à la vente, des sommes bien plus élevées.
Les raisons de cette disparité sont multiples, mais la principale réside dans la difficulté qu’ont les Algériens à transférer des montants conséquents par des voies bancaires traditionnelles. Ainsi, ceux qui souhaitent envoyer de l’argent ou effectuer des transactions d’un montant important vont massivement se tourner vers le marché parallèle. Et pour celles et ceux qui rentrent en Algérie, la situation est davantage problématisée, puisque les montants transportables sont limités par la législation, ce qui accroît encore la demande pour le marché noir.
Les solutions pour des transferts d’argent vers l’Algérie
En dépit de l’ampleur du marché noir, la possibilité d’émettre des transferts d’argent vers l’Algérie depuis la France est offerte par plusieurs alternatives. Le service Western Union figure parmi les solutions les plus utilisées, permettant de procéder à des transferts rapides et sécurisés. Cependant, un problème reste majeur, car le taux de change proposé par ce service est de toute façon largement inférieur à celui du marché noir. Si Western Union est un moyen sécurisé pour transférer de l’argent, le coût élevé du taux de conversion fait qu’un grand nombre d’Algériens renoncent aux transferts d’argent.
Certaines personnes ont donc choisi de passer par des mécanismes plus subtils. Par exemple, des réseaux informels de cambistes, parfois constitués de binômes associés en Algérie, réalisent des transferts rapides et à faible coût. Ces opérateurs échangent directement de l’argent entre la France et l’Algérie, en s’affranchissant des circuits bancaires, mais en assurant la sécurité et la rapidité. La confiance et la réciprocité entre cambistes, souvent en dehors de territoires limités, instaurent une certaine sécurité à leurs usagers.
Les politiques économiques et les échanges
L’une des raisons qui peut donner une forte croissance au marché noir, ce sont les politiques économiques de l’autorité algérienne. En effet, une régulation stricte de la monnaie et un faible taux de change officiel rendent moins attrayants les échanges légaux. En Algérie, des milliers de personnes continuent à se rendre au square Port-Saïd à Alger, un marché emblématique où les cambistes se rencontrent pour échanger des devises à des taux bien plus compétitifs que ceux des banques.
Il est également intéressant de noter que d’autres pays de la région, comme le Maroc ou la Tunisie, ont pris des mesures plus sévères pour lutter contre le marché noir et encourager les envois de fonds par des voies légales. En Tunisie et au Maroc, les autorités ont développé des réseaux de bureaux de change plus efficaces, réduisant ainsi l’écart entre les taux officiels et informels. Mais en Algérie, malgré quelques tentatives, le marché informel reste dominant, et les solutions légales ne parviennent pas encore à répondre à la demande.
Le système actuel a un impact majeur sur l’économie du pays, notamment en ce qui concerne les statistiques officielles sur les transferts de fonds. En effet, bien que les autorités algériennes affichent des chiffres qui ne représentent qu’une fraction des fonds réellement envoyés, les travailleurs étrangers continuent de privilégier les circuits informels, principalement en raison des taux de change plus favorables.
Dans ce contexte, le marché noir à Paris reste un élément essentiel pour la communauté algérienne, tout en soulignant les lacunes des systèmes financiers et des politiques économiques mises en place dans les deux pays.