Les préfectures durcissent les règles concernant l’immigration des Algériens en France. Depuis plusieurs mois, un climat de tension grandit autour des pratiques administratives liées à l’accueil des ressortissants algériens, qui sont confrontés à des exigences de plus en plus strictes.
Un durcissement qui fait écho à une évolution des relations entre la France et l’Algérie, alimentée par des débats sur les termes de l’accord de 1968, un texte clé régissant les conditions d’immigration entre les deux pays. Un accord signé entre la France et l’Algérie le 27 décembre 1968 et qui règlemente les circulations, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens et de leurs familles en France.
Il est conçu pour faciliter l’entrée des Algériens en France et ainsi favoriser l’entrée de main-d’œuvre en France. L’accord a été publié en France au Journal officiel du 22 mars 1969 en vertu du décret du 18 mars 1969. Depuis sa mise en place, des critiques émergent sur son application, cet accord semble de plus en plus remis en question. Il est devenu un symbole d’une époque révolue, désormais de plus en plus perçu comme un obstacle dans un contexte migratoire en constante évolution.
La montée des tensions : un durcissement progressif
Les préfectures durcissent les règles appliquées aux Algériens depuis plusieurs années, une tendance qui s’est accélérée en 2025. Les Algériens souhaitant séjourner ou travailler en France se heurtent désormais à des exigences plus strictes pour obtenir ou renouveler leurs titres de séjour. Une série de mesures, telles que l’introduction de critères plus rigoureux pour les visas et l’application de contrôles renforcés, semblent indiquer un durcissement de la politique migratoire.
Cette évolution suscite des inquiétudes, notamment parmi les avocats franco-algériens, qui dénoncent des procédures administratives de plus en plus complexes. L’Union des avocats franco-algériens s’est exprimée sur ce sujet, dénonçant des « contre-vérités » concernant l’accord franco-algérien de 1968, dont les termes sont devenus au cœur de cette polémique.
Les avocats dénoncent des pratiques intransigeantes
L’Union des avocats franco-algériens a exprimé de vives préoccupations sur ce durcissement des règles. Dans une déclaration récente, l’association a déploré que les autorités françaises s’éloignent des engagements historiques contenus dans les accords bilatéraux, notamment l’accord de 1968, qui garantissait aux Algériens des conditions de séjour plus favorables. Selon les avocats, les préfectures ne respectent plus les engagements pris dans le cadre de ces accords, créant ainsi une situation de confusion et d’injustice pour de nombreux ressortissants algériens.
Les avocats pointent également le manque de transparence dans les procédures administratives, avec des demandes souvent non expliquées ou rejetées sans justification solide. L’accès à l’aide juridique se complexifie, et de nombreux Algériens se trouvent contraints de recourir à des moyens plus formels et coûteux pour faire valoir leurs droits. Cette situation génère des frustrations croissantes, particulièrement parmi les jeunes générations d’Algériens, qui se sentent de plus en plus déconnectées des principes historiques régissant leur présence en France.
Un impact sur les Algériens vivant en France
Le durcissement des règles a un impact direct sur les Algériens résidant en France. Nombre d’entre eux se voient refuser ou voir retardé le renouvellement de leurs titres de séjour. Les préfectures exigent désormais des preuves supplémentaires concernant les revenus, les contrats de travail, ou même les liens familiaux. Les règles se sont durcies en matière de séjour, rendant l’obtention ou la prolongation des titres de séjour plus complexe pour certains Algériens.
Les étudiants algériens, par exemple, sont de plus en plus nombreux à rencontrer des difficultés pour renouveler leur visa, même si leur situation est en règle. De même, les travailleurs algériens se retrouvent face à des exigences de plus en plus contraignantes, alors que de nombreuses professions dans des secteurs essentiels, comme la construction ou l’hôtellerie, comptent sur une main-d’œuvre d’origine algérienne.
Cette situation pourrait affecter à long terme les relations économiques entre la France et l’Algérie, alors que les travailleurs algériens jouent un rôle significatif dans l’économie française. D’autres craintes se font entendre sur les impacts sociaux et culturels d’une telle politique, qui pourrait raviver des tensions au sein des communautés d’origine algérienne en France.
L’appel de M. Bruno Retailleau à mettre fin à l’accord de 1968
Le ministre de l’Intérieur, M. Bruno Retailleau, a récemment exprimé son souhait de mettre fin à l’accord de 1968 qui régit l’immigration des ressortissants algériens en France. Pour lui, cet accord est devenu obsolète face aux enjeux migratoires actuels. Il estime qu’il est nécessaire de réévaluer les conditions d’immigration, notamment en raison des préoccupations de sécurité, de régulation de l’immigration illégale et de la pression démographique croissante. Le ministre considère que l’accord, qui facilite les conditions de séjour et d’emploi pour les Algériens, ne correspond plus aux besoins contemporains de la politique migratoire de la France.
Le débat autour de la fin de l’accord de 1968 est un exemple de la tension croissante autour de la politique migratoire en France. Tandis que certains voient dans la réévaluation de cet accord une nécessité pour adapter la législation aux enjeux contemporains, d’autres considèrent qu’une telle rupture risquerait de nuire aux relations franco-algériennes et à l’intégration des Algériens en France. Il est important de rappeler que cet accord, qui régule la circulation, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France, a déjà fait l’objet de modifications à trois reprises par le passé.
L’ancien Premier ministre M. Dominique de Villepin a souligné qu’il n’était pas contre l’idée de revoir l’accord de 1968, mais il estime que cela doit se faire dans le cadre d’un dialogue respectueux et constructif avec les autorités algériennes. « Si nous souhaitons rediscuter de ces accords, eh bien parlons-en avec les Algériens », a-t-il déclaré. Il insiste sur l’importance d’éviter une position punitive qui pourrait nuire à la relation bilatérale. Selon lui, les enjeux de cette question ne peuvent être résolus que par la diplomatie, et non par des gestes unilatéraux qui risqueraient de jeter de l’huile sur le feu.