La loterie américaine, porte d’entrée vers le rêve américain pour des milliers de candidats dans le monde, subit de profonds changements en 2025. Entre nouvelles règles, retards dans les procédures et durcissement des conditions d’accès, le programme de la carte verte s’inscrit dans un contexte migratoire de plus en plus complexe.
En parallèle à ces évolutions, les candidats déjà engagés dans une démarche d’immigration familiale rencontrent des délais inhabituels, parfois même douloureux, qui mettent à l’épreuve leur patience et leurs liens familiaux. La situation illustre un climat tendu aux États-Unis autour des questions d’immigration légale.
La loterie américaine, officiellement connue sous le nom de Diversity Visa Program, offre chaque année à des milliers de personnes la chance d’obtenir la Green Card et de s’installer aux États-Unis. Ce programme, instauré en 1990, permettait à 55 000 personnes originaires de pays à faible taux d’immigration vers les États-Unis d’obtenir une résidence permanente. Cette décision vise à orienter l’immigration vers des profils jugés plus alignés avec les besoins économiques du pays.
Loterie américaine 2025 : une procédure plus sélective
Le programme de diversité des visas ou la loterie américaine attire chaque année des millions de candidats dans le monde. Mais les règles du jeu évoluent en 2025. Si le nombre de visas offerts reste inchangé (environ 55 000 par an), les critères de sélection deviennent plus rigoureux, en particulier sur le plan administratif.
Les candidats devront désormais fournir davantage de justificatifs à l’inscription, notamment des documents liés à leurs antécédents judiciaires, à leur situation familiale et, nouveauté de taille, une activité numérique vérifiée. En effet, l’USCIS (l’agence américaine des services d’immigration) a introduit une surveillance renforcée des réseaux sociaux, censée permettre un filtrage préventif.
L’autre changement important est la suppression progressive des dispenses d’entretien pour certains dossiers. Là où de nombreux candidats pouvaient autrefois éviter le face-à-face avec un officier consulaire, une majorité devra désormais s’y soumettre, rallongeant automatiquement les délais de traitement. Keshav Singhania, responsable de la pratique de la clientèle privée chez Singhania & Co, basé à New Delhi a déclaré que « Les changements de politique concernant les critères d’éligibilité au programme de dispense d’entretien de visa ont conduit l’USCIS (US Citizenship and Immigration Services) à imposer des entretiens en personne pour un plus grand nombre de cas, ce qui entraîne des délais de traitement plus longs ».
Immigration familiale : des délais de plus en plus longs
Alors que la loterie attire l’attention des médias, les dossiers familiaux continuent de s’accumuler sur les bureaux de l’USCIS. Les cas impliquant des conjoints ou des parents de citoyens américains, autrefois traités en quelques mois, peuvent désormais prendre jusqu’à trois ans. Selon Jath Shao, avocat principal du cabinet Shao Law Firm basé aux États-Unis, « Ce qui prenait autrefois quelques mois à un an est devenu une longue épreuve administrative. »
Les raisons de ce ralentissement sont multiples. D’une part, l’héritage de la politique migratoire de l’ère Trump n’a pas été totalement effacé. Le contrôle renforcé et la priorité donnée à certaines catégories de visas ont laissé des séquelles dans l’administration. D’autre part, le manque de personnel consulaire et administratif ralentit considérablement le rythme de traitement. Singhania à faitsavoir que « L’USCIS manque de personnel, ce qui signifie que même dans les meilleures conditions, son rythme de travail sera sous-optimal. »
Les demandeurs indiens qui constituent l’une des quatre nationalités les plus importantes, avec les Philippins, les Mexicains et les Chinois, sont particulièrement touchés. Le décret “One Voice for America’s Foreign Relations”, signé début 2024, a réduit les effectifs étrangers dans les ambassades, affectant directement la capacité de traitement sur place.
Une mère perd son mari en attendant une carte verte
Les impacts humains de ces retards sont bien réels. Un avocat indien, spécialisé en droit migratoire, a rapporté le cas d’un citoyen américain dont le père, vivant à l’étranger, est décédé avant même d’obtenir sa carte verte. Seule sa veuve pourra désormais déposer une nouvelle demande, ce qui signifie un nouveau départ à zéro pour la famille.
Ce genre de situation n’est plus rare. Les avocats dénoncent une gestion prioritaire défaillante, où certains types de dossiers, notamment ceux considérés comme « chaînes migratoires », passent au second plan. Poorvi Chothani, associé directeur de LawQuest, un cabinet d’avocats spécialisé en droit de l’immigration implanté en Inde et aux États-Unis, a déclaré que « Des efforts ont été déployés pour faire adopter des lois visant à réduire considérablement les voies d’immigration légale, notamment l’immigration familiale, souvent qualifiée par les autorités de « migration en chaîne ». Lorsque ces efforts législatifs échouent, il semble que le gouvernement traite ces dossiers comme une priorité secondaire, ce qui entrave le processus d’immigration. »
Changement de cap pour les conjoints sans statut
Le programme “Keeping Families Together”, lancé par l’administration Biden en août 2024, avait donné de l’espoir à de nombreux conjoints sans statut légal mariés à des citoyens américains. Il leur permettait de rester sur le territoire, de travailler légalement et d’entamer une procédure de régularisation.
Mais cette politique a été invalidée par un jugement fédéral en novembre dernier, mettant fin brutalement à cette fenêtre de régularisation. Sukanya Raman, responsable Inde du cabinet d’avocats américain Davies & Associates, spécialisé dans l’immigration, a déclaré que « Ce programme, mis en œuvre par l’administration Biden en août 2024, permettait à ces personnes de rester aux États-Unis, d’obtenir des permis de travail et de demander la résidence légale via une procédure appelée « libération conditionnelle ». Résultat : près d’un demi-million de personnes risquent aujourd’hui l’expulsion et une interdiction de retour sur le sol américain.
Loterie américaine et immigration : vers une refonte globale ?
Face à ces multiples signaux de durcissement, certains observateurs évoquent une refonte globale du système migratoire américain. Les dernières annonces de l’USCIS vont dans ce sens : augmentation des frais de dossier, réforme des formulaires et contrôle accru sur les données numériques des candidats, comme l’a annoncé le 5 mars dernier l’USCIS.
Si ces mesures visent à sécuriser et à moderniser le système, elles soulèvent aussi des inquiétudes sur l’accessibilité du rêve américain, notamment pour les candidats des pays en développement, souvent désavantagés par la complexité croissante des démarches. Le calendrier électoral à venir aux États-Unis pourrait encore rebattre les cartes. En attendant, les candidats à la loterie américaine 2025 devront faire preuve de vigilance, de rigueur et de patience pour espérer franchir les étapes vers la tant convoitée Green Card.