Le marché des assurances en Algérie intrigue les observateurs. Portée par des réformes financières et un cadre réglementaire en évolution, une surprise inattendue confirme bien que le secteur s’engage dans une dynamique de croissance soutenue, révélant des possibilités originales d’investissement et de développement.
La dynamique actuelle du secteur des assurances en Algérie est en effet fondée non seulement sur les seuls chiffres. Ce sont les signaux en profondeur qui intriguent autour d’une réforme du cadre légal, d’une pyramide des âges jeune, d’une demande en évolution. Ensemble, ils dessinent un paysage en rapide transformation, loin des prévisions traditionnelles.
Cette tendance à la hausse surprend de nombreux analystes, notamment dans un environnement régional marqué par des stagnations structurelles. Pourtant, les chiffres montrent que, grâce à une série d’initiatives récentes, le paysage algérien serait engagé dans un tournant stratégique qui pourrait repositionner durablement le secteur de l’assurance.
Réformes et redéploiement du marché des assurances en Algérie
Les réformes entreprises par l’Algérie, notamment dans le domaine financier, constituent des leviers d’action forts dans cette nouvelle dynamique. Selon le rapport de l’agence spécialisée AM Best, le marché des assurances algérien bénéficie désormais de fondamentaux renommés, fondés sur un renforcement du cadre réglementaire, parmi lequel figure l’élaboration d’un nouveau code des assurances en cours de finalisation.
Destiné à introduire des branches de nouvelles activités, ce texte vise également à mieux structurer des segments jusqu’ici peu représentés tels que l’assurance santé et l’assurance dommages aux biens. Ces ajustements réglementaires permettraient d’ouvrir les produits spécialisés et de mieux répondre à des attentes longtemps laissées en dehors du marché traditionnel.
Un autre point important, est celui de la volonté de renforcer les mécanismes de distribution, notamment via la bancassurance. Ce canal, encore peu exploité localement, pourrait jouer un rôle de levier important pour démocratiser certains produits, en particulier l’assurance-vie, dont la part reste inférieure à 10 % du marché global.
L’assurance-vie, le Takaful et la classe moyenne : les leviers d’un marché en mutation
Le profil démographique de l’Algérie représente un atout stratégique. Une population jeune et croissante, accompagnée par le développement de la classe moyenne, donne à la demande potentielle une portée forte et dynamique. Ce levier démographique devrait ainsi surtout favoriser le développement des contrats de prévoyance, notamment des produits d’assurance-vie dont on observe un intérêt croissant sur le marché.
Le rapport d’AM Best aborde aussi le potentiel de Takaful (l’assurance islamique). Nouvelle option institutionnelle en Algérie depuis 2022, elle a connu une forte dynamique de triplement des souscriptions en moins de deux ans et affiche un caractère attractif permettant d’identifier la demande d’une offre viable dans un cadre en cours de formation. En effet, l’offre Takaful liée à des solutions conformes aux principes de la finance islamique reste encore largement sous-exploitée à l’échelle régionale. Bien que la pénétration soit difficile, le contexte économique est favorable.
Sur le plan macroéconomique, l’économie algérienne est aussi relativement dynamique. Le pays est l’un des cinq plus grandes économies d’Afrique, et le PIB a connu une reprise solide après le Covid, à l’opposé des trajectoires plus timides de ses voisins maghrébins. Cette reprise est synonyme d’une amélioration du revenu disponible et d’une plus grande capacité des ménages à souscrire des contrats d’assurance.
Ces nouvelles tendances ne sont pas isolées, elles s’inscrivent dans un mouvement plus large de diversification du secteur en réponse à une demande certaine bien que fragmentée. Entre assurances classiques, produits spécialisés et solutions éthiques, l’offre semble aujourd’hui commencer à s’articuler autour de nouveaux usages et besoins très spécifiques. Les données du secteur en témoignent : entre janvier et septembre 2024, « le secteur des assurances en Algérie a généré un chiffre d’affaires de 131,7 milliards de dinars » selon l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance.
Cependant, le marché reste confronté à un défi structurel. En effet, la proportion couverte par une assurance reste très inférieure à celle d’autres pays émergents. Un enjeu crucial dans les prochaines années consistera ainsi à élargir le socle assurantiel, en connectant l’offre à la culture et aux réalités économiques locales, tout en sensibilisant le grand public.
Dans un secteur longtemps perçu comme figé, le basculement semble désormais enclenché. La combinaison entre des réformes ciblées, une population en demande et une économie qui se redresse ouvre un horizon nouveau pour les assurances en Algérie. Et alors que les regards se tournent vers les marchés matures, c’est peut-être au sud de la Méditerranée que se jouent les prochains chapitres de la transformation assurantielle.