Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau durcit le ton sur le dossier migratoire. Il a dévoilé ce jeudi de nouvelles mesures pour l’acquisition de la nationalité française, insistant sur des critères plus exigeants liés à l’intégration, la langue et la culture civique. Une circulaire sera prochainement adressée aux préfets.
À la faveur d’un contexte politique tendu et d’une compétition interne à droite, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau passe à l’action. Après plusieurs mois de posture offensive sur les questions migratoires, il amorce un tour de vis sur la nationalité française. Lors d’une conférence de presse tenue à Beauvau, le ministre a annoncé l’envoi imminent d’une circulaire aux préfets afin de rehausser les exigences de naturalisation.
Il souhaite faire de la maîtrise du français et de l’assimilation aux valeurs républicaines des conditions centrales. Un message clair adressé à la fois à son électorat et aux candidats à la nationalité, l’entrée dans la communauté nationale ne se fera plus sans preuve d’engagement fort.
Une naturalisation plus sélective : vers un durcissement officiel
Depuis plusieurs mois, Bruno Retailleau préparait le terrain. Cette fois, les choses sont concrètes. À travers sa circulaire, le ministre veut harmoniser et durcir les critères d’accès à la nationalité française, notamment pour les étrangers vivant déjà régulièrement sur le territoire. Il s’agit, selon lui, d’assurer une adhésion complète aux valeurs de la République, en ligne avec l’article 24 du Code civil, qui évoque expressément la notion d’assimilation.
Dans son intervention, Retailleau a tenu à rappeler que la nationalité française n’est pas un droit automatique, mais une démarche volontaire qui suppose des conditions à remplir. Il ne s’agit pas seulement de résider sur le territoire français, mais de démontrer une volonté sincère de s’y intégrer pleinement.
Les nouvelles exigences pour obtenir la nationalité française
Parmi les nouvelles mesures pour l’acquisition de la nationalité française, plusieurs points clés sont mis en avant. Le ministre veut mettre l’accent sur trois aspects fondamentaux :
La maîtrise approfondie de la langue française
Il ne s’agira plus seulement de parler un “français courant”. Les niveaux exigés seront rehaussés, et l’évaluation linguistique pourrait devenir plus rigoureuse. Le ministre estime que “la langue est la première condition d’intégration”· Ce critère, déjà présent dans les procédures actuelles, deviendrait ainsi plus sélectif.
La réussite d’un examen civique structuré
L’examen des connaissances sur l’histoire, les institutions et les valeurs de la République sera renforcé. Le but est clair, vérifier que le candidat connaît le pays dont il demande la nationalité et qu’il en comprend les fondements démocratiques et laïques.
Une appréciation plus stricte de l’assimilation
Ce critère, parfois jugé flou, sera précisé dans les consignes données aux préfectures. Le comportement du demandeur, son insertion sociale, son respect des lois et des principes républicains seront examinés avec plus d’attention· Un casier judiciaire vierge ne suffira plus à convaincre·
Ces critères ne sont pas nouveaux, mais leur application sera durcie et uniformisée à l’échelle nationale. Le ministre insiste, “Ou ces conditions sont remplies, ou elles ne le sont pas.”
Une stratégie politique assumée
Ce virage sécuritaire dans le dossier de demande de la nationalité française n’est pas anodin sur le plan politique. Bruno Retailleau, figure montante de la droite conservatrice, est en lice pour la présidence des Républicains en mai, et nourrit des ambitions présidentielles· Face à lui, Laurent Wauquiez multiplie également les propositions chocs, comme l’enfermement des étrangers sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, une idée jugée extrême jusque dans les rangs de l’extrême droite.
Retailleau, lui, choisit une ligne jugée plus institutionnelle mais tout aussi ferme, durcir les règles d’entrée dans la nation, plutôt que celles de sortie du territoire· En se concentrant sur la naturalisation, il joue une carte plus consensuelle auprès d’une partie de l’opinion publique attachée à l’idée d’une intégration “méritée” et conditionnée.
Le signal envoyé aux préfets et aux futurs demandeurs
La circulaire que s’apprête à envoyer le ministre doit servir de référence stricte pour toutes les préfectures de France. Objectif, réduire les différences de traitement entre départements et rendre les conditions de naturalisation plus homogènes sur tout le territoire.
Pour les étrangers souhaitant devenir français, ces annonces marquent un changement de paradigme. Le processus, déjà long et sélectif, devient encore plus exigeant· Ce signal politique vise aussi à dissuader certaines demande de nationalité, perçues comme “opportunistes”, pour recentrer la naturalisation sur les profils jugés exemplaires en termes de parcours et d’attachement aux valeurs française.
Avec ces nouvelles mesures pour l’acquisition de la nationalité française, Bruno Retailleau confirme sa volonté de renforcer le lien entre intégration et naturalisation. Pour lui, devenir français suppose un engagement fort, et non une simple formalité administrative· Ce durcissement des conditions, s’il séduit une partie de l’opinion, risque toutefois d’ouvrir un débat de fond sur la définition même de l’appartenance à la République. Reste à savoir si ces mesures renforceront réellement la cohésion nationale ou si elles créeront un sentiment de mise à l’écart chez une partie des résidents étrangers· Une chose est certaine : la nationalité française ne sera plus accordée aussi facilement qu’avant.