La pâte à tartiner algérienne, El Mordjene a connu un succès fulgurant en France et dans d’autres pays européens avant d’être frappée par une interdiction d’importation. Ce blocage administratif a profité à un concurrent opportuniste qui a repris la même recette et packaging pour surfer sur le succès du produit algérien.
La pâte à tartiner El Mordjene, produit star en Algérie, a su attirer l’attention dès son lancement par une approche marketing avant-gardiste, mobilisant de nombreux influenceurs sur les réseaux sociaux. Cette stratégie a rapidement porté ses fruits, le produit s’est retrouvé sur les étagères des petits commerces et des grandes surfaces. Mais ce qui a marqué les esprits, c’est l’accueil enthousiaste de la diaspora algérienne et maghrébine en France, où El Mordjene a littéralement pris d’assaut le marché.
Les consommateurs ne tarissaient pas d’éloges sur son goût et sa texture, la comparant à d’autres marques plus populaires. En peu de temps, El Mordjene est devenue une référence incontournable dans le segment des pâtes à tartiner. Mais ce succès fulgurant allait être brutalement freiné, et une décision inattendue a bouleversé la donne, l’interdiction de l’importation d’El Mordjene en Union européenne.
L’interdiction d’El Mordjene en Europe profite à Créma Bueno
Malgré son succès, El Mordjene a été frappée par une interdiction d’importation dans l’Union Européenne, notamment en France. Les raisons évoquées sont multiples, allant du non-respect de certaines normes alimentaires européennes à des préoccupations sanitaires. Cependant, cette décision a créé une onde de choc chez les consommateurs fidèles en France, qui ont vu disparaître leur produit préféré des rayons. Certains parlent même d’un sabotage face à cette interdiction, surtout dans un marché où la demande était en constante augmentation.
C’est alors que la marque Créma Bueno, un produit français qui a repris l’identité d’El Mordjene, a vu une opportunité de taille. Sans tarder, la marque normande a lancé une pâte à tartiner reprenant non seulement la recette d’El Mordjene, mais aussi son packaging et ses couleurs caractéristiques. Initialement, Créma Bueno n’était pas destinée à un large public. Créée pour les restaurateurs, la marque a finalement décidé de proposer ses pots en grande surface, testant ses produits dans quelques magasins de la région parisienne. C’est à la mi-septembre que les premiers pots ont fait leur apparition en rayon, sans savoir que ce lancement allait coïncider avec une nouvelle majeure.
Au même moment, le ministère français de l’Agriculture a annoncé l’interdiction de l’importation d’El Mordjene sur le territoire européen. Privés de leur pâte à tartiner favorite, les consommateurs se sont alors rapidement tournés vers Créma Bueno, qui a su tirer profit de cette situation. Proposée à seulement 3 euros, elle a rapidement gagné en popularité, surtout avec son goût très similaire à celui d’El Mordjene· Le succès a été immédiat : dans un seul supermarché, plus de 400 pots ont été vendus le premier week-end, soit cinq fois plus que le célèbre Nutella. Devant cette demande explosive, les grandes surfaces se sont mises en concurrence pour obtenir des stocks de Créma Bueno, certaines allant jusqu’à payer avant la livraison pour être sûres d’avoir des pots disponibles en rayon. Aujourd’hui, il est possible de retrouver Créma Bueno aussi bien en région parisienne qu’à Marseille, et sa distribution continue de s’étendre à travers la France.
Pourquoi la pâte à tartiner El Mordjene a été interdite d’importation ?
L’interdiction d’El Mordjene en Europe émane d’un texte, initialement conçu pour favoriser le libre-échange, mais qui ne permet pas aux exportations algériennes de se développer pleinement sur le marché européen. El Mordjene en est le parfait exemple, car cette pâte à tartiner a vu son importation interdite sur le territoire français, alors que des produits concurrents comme Créma Bueno ont pris sa place. L’interdiction d’El Mordjene en Europe, et notamment en France, n’est pas uniquement une question de conformité alimentaire, elle reflète une situation plus complexe liée aux relations commerciales entre l’Algérie et l’Union Européenne. Le blocage de certains produits algériens, dont cette célèbre pâte à tartiner, s’inscrit dans le cadre d’accord d’association avec l’Union européenne
Cet accord, censé promouvoir le libre-échange, n’a pas pleinement bénéficié à l’Algérie, qui juge que ses exportations sont limitées tandis que l’Union Européenne continue de profiter d’un accès privilégié à son marché. Ce déséquilibre s’est manifesté à travers des restrictions imposées à plusieurs produits algériens empêchant leur diffusion sur le marché européen.
L’Algérie veut réviser l’accord d’association avec l’Union européenne
Jugé désavantageux pour l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune, a clairement indiqué que son gouvernement souhaite une révision de cet accord. « Nous demandons une révision, car l’essence même de l’accord repose sur le libre-échange, et nous voulons le faire dans un esprit amical, sans conflit », a-t-il affirmé. Il a également souligné que les États membres de l’UE ne sont pas opposés à une renégociation, car ils cherchent à maintenir de bonnes relations économiques avec l’Algérie.
La révision de l’accord d’association avec l’Union européenne pourrait avoir des conséquences positives pour les deux parties. Pour l’Algérie, cela représenterait une opportunité de rétablir un équilibre commercial et d’augmenter ses exportations vers les pays du vieux continent, permettant aux produits algériens, longtemps freinés par des obstacles réglementaires, de se développer en Europe.
Si cet accord venait à être revu, il est tout à fait possible que les consommateurs français et européens puissent retrouver El Mordjene sur les rayons des supermarchés. Cela offrirait un second souffle à la pâte à tartiner, lui permettant de reconquérir la clientèle qui lui a été fidèle, et d’établir une concurrence saine avec Créma Bueno. Les amateurs d’El Mordjene, frustrés par son absence, espèrent ainsi pouvoir racheter leur produit favori sans avoir à faire des détours par l’Algérie ou à chercher des substituts.
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