Alors que l’allocation touristique à 750 euros devait entrer en vigueur mi-avril, le mutisme des autorités crée confusion, frustration et incertitude. L’attente prolongée alimente le recours au marché parallèle, dans un contexte marqué par la flambée continue des devises étrangères.
Les attentes étaient élevées, les annonces avaient circulé, et la date du 15 avril était dans tous les esprits. Pourtant, aucune confirmation, aucun décret, aucune mise en œuvre concrète. Dans les agences bancaires comme sur les forums en ligne, une même question revient sans cesse : qu’en est-il de l’allocation touristique à 750 euros ?
Le flou s’est installé progressivement, nourri par l’absence de communication claire de la part des autorités monétaires. À mesure que le silence s’étire, les frustrations s’accumulent. Les citoyens, nombreux à avoir organisé leur projet de voyage autour de cette aide promise, se retrouvent aujourd’hui dans l’impasse, pris entre promesses floues et réalité figée.
L’allocation touristique à 750 euros dans un flou administratif qui perdure
L’idée de porter l’allocation de change annuelle de 150 à 750 euros avait été accueillie avec soulagement. Elle représentait une bouffée d’air pour les Algériens souhaitant voyager à l’étranger, que ce soit pour des raisons personnelles, médicales ou professionnelles. Mais plusieurs semaines après la date évoquée, rien n’a été concrétisé.
Les agences bancaires n’ont reçu aucune directive officielle, laissant leurs agents démunis face à des clients qui, eux, ont entendu ou lu des annonces relayées dans la presse. Ce décalage entre la communication médiatique et l’application réelle crée un climat d’incompréhension. Certaines banques confirment même qu’aucune circulaire n’a été transmise par la Banque d’Algérie.
Ce flou administratif est d’autant plus problématique qu’il intervient dans un contexte où les besoins en devises sont réels et urgents. L’incertitude actuelle renforce une perte de confiance dans les circuits officiels. Faute d’une annonce formelle, les spéculations se multiplient et les rumeurs prennent le relais.
Le marché parallèle tire profit du silence et de la montée des devises
Pendant ce temps, le marché informel, lui, ne connaît pas de pause. L’euro y atteint des sommets. À Alger, au square Port-Said, le billet de 100 euros s’échange désormais à 26 000 dinars, enregistrant pour la seconde fois le niveau record historique après celui de décembre 2024. En parallèle, le dollar américain tourne autour de 236 dinars, bien au-dessus des 132 dinars officiels.
Cette différence entre les taux du marché parallèle et ceux appliqués par les banques révèle à la fois l’aspect structurel du déséquilibre du système. Pour plusieurs citoyens, le marché parallèle demeure l’unique solution pour se procurer des devises. Bien qu’il soit risqué et coûteux, ce choix apparaît comme une solution de rechange dans l’attente d’une solution institutionnelle.

Cette configuration accentue la pression sur le dinar algérien, tout en redoublant les tensions de l’économie informelle. Plus l’allocation de 750 euros pour les dépenses touristiques met du temps à être mise en place, plus les cambistes gagnent du terrain en captant les demandes qu’aucun canal officiel ne peut satisfaire à ce jour.
Confusion persistante et absence de clarification officielle
Le mutisme des autorités ne concerne pas seulement les éléments techniques. C’est le mutisme général, c’est-à-dire l’absence d’explications, de délais, qui nourrit le flou. Les hypothèses sont nombreuses : blocage administratif, impossibilité budgétaire, retard de validation… mais aucune n’a le statut d’une version officielle.
Pour une part des citoyens, l’attente est devenue insupportable. Dans les files devant les banques ou dans les échanges sur les réseaux sociaux, beaucoup partagent un air de déjà-vu. Ce n’est pas la première fois qu’une décision annoncée reste lettre morte. Sauf qu’en l’occurrence celle-ci impacte directement le pouvoir d’achat en devises dans un contexte où la moindre information est précieuse.
Le manque de clarté a également eu pour effet d’attiser les tensions au sein des établissements bancaires. Laissez les agents dans le flou, ils n’ont d’autre choix que de déclarer qu’aucun lancement officiel ne leur a été notifié. Et la confiance dans l’institution se distend progressivement dans l’absence de réponse persistante.