Le taux de change Euro-Dinar continue de creuser l’écart entre marché parallèle et officiel. À Alger, au square Port-Said, l’euro franchit de nouveaux seuils face au dinar, alors que les autres devises suivent une tendance similaire, dans un contexte marqué par le flou autour de l’allocation voyage.
Dans les rues animées du square Port-Saïd à Alger, le commerce informel des devises bat son plein, bien loin des chiffres affichés par la Banque d’Algérie. L’écart entre les deux marchés, officiel et parallèle, atteint des sommets inédits, et l’euro reste la monnaie de référence pour les échanges. Le taux de change Euro-Dinar observé ce 25 avril 2025 met en lumière un décalage structurel dans l’accès à la devise étrangère.
Au-delà de la simple spéculation, ces écarts traduisent aussi une attente pesante chez les citoyens algériens, notamment autour de l’allocation touristique. Prévue pour la mi-avril, cette mesure censée soulager la demande sur le marché parallèle n’a toujours pas vu le jour, alimentant frustrations et incertitudes.
Taux de change Euro-Dinar baromètre du marché parallèle
Ce vendredi 25 avril, l’euro s’échange à 259 dinars à l’achat et 257 dinars à la vente sur le marché parallèle au square Port-Said. En comparaison, le taux de change officiel Euro-Dinar reste figé à 150,96 dinars selon les données de la Banque d’Algérie. Cet écart de plus de 70 % illustre l’écart entre l’offre officielle, strictement contrôlée, et une demande réelle qui dépasse largement les capacités de couverture des canaux réglementaires.
Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il tend à s’accentuer avec l’approche des vacances estivales. Le manque d’accès à la devise étrangère pousse de plus en plus d’Algériens à se tourner vers le marché parallèle pour couvrir leurs besoins en voyages, en soins médicaux ou en études à l’étranger. Dans ce contexte, la monnaie européenne reste la devise la plus recherchée, tant pour sa stabilité que pour sa large acceptation à l’international.
D’autres devises suivent la même dynamique sur les deux marchés
Sur le marché informel, d’autres devises majeures affichent également des écarts importants par rapport aux taux officiels. Le dollar américain s’échange à 236 dinars à l’achat et 234 dinars à la vente, alors que le taux officiel est de 132,6 dinars. La livre sterling atteint 300 dinars à l’achat contre 176,85 dinars au niveau officiel.
Le franc suisse, souvent recherché pour les transactions vers les zones francophones d’Europe, suit la même tendance : 275,5 dinars à l’achat contre 160,26 dinars officiellement. Idem pour le dollar canadien qui s’achète à 162 dinars au square, loin des 95,69 dinars pratiqués dans les bureaux de change agréés.
Ces disparités touchent aussi les devises du Maghreb et du Golfe : le dinar tunisien s’échange à 76 dinars à l’achat sur le marché informel (contre 44,45 au taux officiel), tandis que le riyal saoudien atteint 61 dinars, loin devant les 35,34 dinars de la cotation officielle. Le dirham des Émirats suit une trajectoire comparable, avec 62 dinars à l’achat contre 36,10 dinars selon la Banque centrale.
Devises | Parrallèle/ achat | Parrallèle/ vente | Taux officiel |
Euro (€) | 259 DZD | 257 DZD | 150.96 DZD |
Dollar US ($) | 236 DZD | 234 DZD | 132.6 DZD |
Livre Sterling (₤) | 300 DZD | 296 DZD | 176.85 DZD |
Dollar CAN ($C) | 162 DZD | 158 DZD | 95.69 DZD |
Franc suisse (CHF) | 275,5 DZD | 273,5 DZD | 160.79 DZD |
Riyal Saoudien (SAR) | 61 DZD | 60,5 DZD | 35.34 DZD |
Yuan chinois (CNY) | 31 DZD | 31 DZD | 18.19 DZD |
Dinar tunisien (TND) | 76 DZD | 75,5 5 DZD | 44.45 DZD |
Dirham EAU (AED) | 62 DZD | 61,5 DZD | 36.10 DZD |
Une attente prolongée autour de l’allocation voyage
Prévue initialement pour le mois d’avril, l’allocation voyage, une mesure permettant aux citoyens algériens d’obtenir un quota annuel en devises au taux officiel, n’a toujours pas été mise en œuvre. Cette absence alimente les tensions sur le marché parallèle, notamment dans des périodes où les déplacements à l’étranger augmentent, comme le Ramadan et les congés estivaux à venir. Les observateurs continus de s’interroger sur les raisons de ce retard. Problèmes logistiques, décisions politiques ou réajustements économiques ? En attendant, la spéculation reste de mise, et les cambistes du square continuent de faire la loi sur les devises.
Dans ce climat d’incertitude, les fluctuations du taux de change Euro-Dinar au square d’Alger deviennent un baromètre économique à part entière, souvent plus suivi que les cours officiels. Une réalité bien ancrée dans le quotidien des Algériens, entre stratégies d’adaptation et attentes sans fin.
