L’Espace Schengen, qui permet une circulation libre entre les pays membres, représente un atout considérable pour les voyageurs internationaux. Cependant, ces dernières années, l’Union Européenne (UE) a mis en place des réformes visant à améliorer la sécurité, la gestion des flux migratoires et la facilitation des déplacements.
Des mesures sont prises pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre et à l’intégration des travailleurs étrangers, en particulier ceux sans-papiers travaillant dans des secteurs en tension. Des nouvelles initiatives européennes sont déployées pour renforcer la sécurité et la gestion des déplacements au sein de l’Espace Schengen.
Parmi ces réformes, quatre pays ont particulièrement modifié leurs règles pour les voyageurs étrangers, affectant ainsi les conditions d’entrée et de séjour. Ces changements, attendus avec une grande attention en 2025, ont des répercussions tant sur les voyageurs en provenance de pays tiers que sur ceux ayant un visa Schengen.
Espagne
L’une des principales innovations introduites par l’Espagne est le système «Arriago Socioformativo», qui s’applique aux étrangers ayant perdu leur permis de séjour au cours des deux dernières années. Ce système destiné aux individus dont le permis a été annulé pour des raisons de santé, d’ordre public ou de sécurité, tout en permettant une réévaluation de leur situation pour leur permettre de rester en Espagne sous certaines conditions.
Parallèlement, ce système s’adresse également aux étrangers ayant suivi des programmes de formation professionnelle, permettant à ceux qui ont complété des formations spécifiques de régulariser leur statut et de bénéficier d’une plus grande stabilité sur le territoire espagnol, facilitant ainsi l’intégration dans la société et le marché de l’emploi.
L’Espagne a également simplifié ses procédures de regroupement familial, permettant aux membres de la famille d’un résident étranger de rejoindre ce dernier plus facilement. Ces démarches sont désormais plus rapides et moins bureaucratiques, contribuant à un soutien accru pour les familles expatriées. Prolongement des délais de visa pour les étrangers à la recherche d’emploi qui leur permettra de disposer de suffisamment de temps pour s’installer.
La fin du programme de «Golden Visa», qui offrait des titres de séjour aux étrangers investissant au moins 500 000 euros dans l’immobilier espagnol. Cette mesure a été mise en place pour attirer les investisseurs étrangers, mais a suscité des préoccupations concernant la spéculation immobilière.
Allemagne
L’Allemagne a été particulièrement active en 2024 dans le durcissement de ses politiques migratoires, en particulier en ce qui concerne les travailleurs qualifiés. L’un des principaux changements intervenus concerne la révision des exigences salariales pour obtenir la Carte Bleue Européenne, le titre de séjour destiné aux travailleurs qualifiés. En 2024, ce seuil a été relevé à 48 300 € de revenu annuel brut, soit plus de 4 000 € par mois, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport aux années précédentes.
Pour les travailleurs dans les métiers en pénurie, le seuil a été abaissé à 43 000 € par an appliqué pour répondre aux besoins urgents de main-d’œuvre dans des secteurs spécifiques, tels que les soins de santé, les technologies de l’information, l’ingénierie et la construction. Les travailleurs dans ces domaines pourront donc accéder plus facilement à la carte bleue.
Sans oublier l’intégration du dispositif appelé la Chancenkarte en 2024 (Carte d’Opportunité). Ce système vise à faciliter l’installation des travailleurs étrangers dans le pays, notamment ceux qui ne répondent pas encore aux critères stricts de la carte bleue.
France
Le durcissement le plus notable en France concerne la révision des exigences relatives à la maîtrise de la langue française. Depuis l’entrée en vigueur de la loi Darmanin, les candidats à l’obtention d’un titre de séjour doivent désormais justifier d’un niveau minimum de A2 en langue française.
Pour ceux qui demandent une carte de résident de 10 ans, le niveau requis est B1, et pour ceux souhaitant acquérir la nationalité française, le niveau doit être B2. Cette mesure vise à améliorer l’intégration des migrants en leur fournissant des compétences linguistiques essentielles pour participer activement à la vie économique, sociale et culturelle du pays.
Italie
En Italie, les réformes migratoires de 2024 ont inclus un durcissement des règles relatives au regroupement familial, en particulier avec l’arrivée d’un gouvernement d’extrême droite. Cependant, le pays a également annoncé des facilitations concernant l’entrée des travailleurs étrangers.
En revanche, le gouvernement italien a annoncé une augmentation significative du quota des visas de travail, en portant le nombre de visas de travail de 30 850 en 2019 à 452 000 entre 2023 et 2025. Cette augmentation vise à répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs comme l’agriculture, la construction et les soins à la personne, où la demande de travailleurs étrangers est particulièrement forte.
Nouvelles initiatives de l’UE pour gérer les flux migratoires
L’un des dispositifs les plus marquants est l’introduction du Système européen d’information et d’autorisation de voyage (ETIAS). Prévu pour entrer en vigueur en 2025, ce système permet de recueillir des informations détaillées sur les voyageurs venant de pays tiers dispensés de visa pour entrer dans l’espace Schengen. Les voyageurs devront obtenir une autorisation préalable avant de partir, ce qui permet aux autorités européennes de vérifier la situation de chaque voyageur avant son départ.
ETIAS a pour objectif de détecter les menaces potentielles liées à la sécurité, à l’immigration illégale et aux risques sanitaires. Il s’agit également de faciliter les processus d’entrée pour les voyageurs qui n’ont pas besoin d’un visa traditionnel tout en maintenant des contrôles renforcés à la frontière.
Le Système Entry/Exit (EES), quant à lui, est un autre dispositif majeur qui sera déployé également cette année 2025. Ce système vise à enregistrer les entrées et sorties des ressortissants de pays tiers, en utilisant des données biométriques telles que les empreintes digitales et la reconnaissance faciale. Grâce à cette technologie, l’UE pourra mieux surveiller les mouvements des voyageurs à travers ses frontières, détecter plus facilement les dépassements de séjour et garantir une meilleure gestion des flux migratoires..
Cette mesure permettra également de mieux détecter les fraudes à l’identification et d’assurer une identification plus précise des voyageurs dans le système Schengen. En cas de suspicion, les autorités pourront rapidement vérifier si un individu a été précédemment identifié sous un autre nom ou dans un autre pays.